Philippe Papineau, Le Devoir, 27 mars 2006.
Pour chanter l'amour, celui qui nous emmène au paradis et surtout celui qui fait atrocement mal, le Français Bruno Caliciuri, alias Cali, n'a pas son pareil. En attendant son passage aux FrancoFolies de Montréal cet été, le Catalan de 38 ans, qui avait déjà bien commencé le travail en 2003 avec son premier album L'Amour parfait, nous offre sa deuxième salve, intitulée Menteur.
Après sa première tournée, qui s'est terminée au Québec à la fin de 2004, Cali avait les batteries à plat. «Je me suis dis: "tu vas prendre beaucoup de temps pour te reposer", raconte le chanteur au bout du fil, de sa maison près de Perpignan. Et au bout de quelques jours, j'ai eu envie de repartir en studio pour enregistrer les chansons que j'avais écrites durant la tournée. Ça m'a permis de ne pas trop gamberger, de ne pas trop me poser de questions, et de partir avec le vent du premier album.»
Il est comme ça, le Cali. Pas trop de questions, il fonce. Comme sur la scène des Victoires de la musique, au début du mois, où il a laissé sa marque avec quelques folies. C'est peut-être son passé de joueur de rugby -- 17 ans de métier ! -- qui lui donne cette fougue. «C'est le hasard qui m'a mené vers la musique, j'ai suivi mon coeur, raconte Cali comme si c'était une évidence. J'ai appris la guitare comme un imposteur, j'ai appris le piano par hasard. Puis j'ai posé ma voix dessus, j'ai fait des petites chansons. Ça a pris du temps, mais c'était nécessaire pour arriver à ça.»
Ça, c'est la musique de plus en plus orchestrale d'un humain qui aime éperdument et qui souffre autant quand l'amour se sauve. Ça, ce sont des mots simples qui résonnent et qui marquent. «Le bonheur est une vieille qui boîte sur du verglas / Et j'essaie de m'en souvenir à chacun de mes pas » (Pour Jane). «Malgré tout, je suis optimiste en tout, particulièrement en amour. Après, je raconte des histoires, elles sont parfois difficiles parce que la vie ne fait pas souvent de cadeau non plus, mais elles sont heureuses aussi parfois !»
Quand on lui parle de politique, Cali réagit tout de suite: «Je pense que parler d'amour aujourd'hui, c'est un acte politique. J'ai écrit des chansons contre la peine de mort, contre le fascisme, sur l'homosexualité, mais c'était toujours par le biais d'histoires d'amour. L'amour c'est mon acteur principal.» Sur Menteur, il a quand même fait appel à d'autres personnages, dont Mathieu Chédid (le flamboyant -M-), qui joue quelques guitares, et Steve Wickham, violoniste des Waterboys et collaborateur de U2. Cali chante aussi un duo avec Daniel Darc. «J'avais deux noms en tête, soit Patti Smith, qui n'a pas pu, soit Daniel Darc. Je le connais depuis 1983, à l'époque de Taxi Girl. En spectacle, j'avais vu quelqu'un de complètement dépravé, sur le bord du gouffre... Il est revenu toutes ces années après avec cet album, Crève-coeur, plus lumineux que jamais. On s'est croisés récemment à un concert de Miossec, on s'est appréciés, on a discuté et, quand je lui ai demandé, il a dit oui de suite.»
Parlant du vieux routier Miossec, Cali lui rend hommage sur une chanson, Je m'en vais (après Miossec), un clin d'oeil à une chanson du même titre composé par celui qui est maintenant son ami. «Je suis très admiratif de son travail, mais surtout de son humanité. Je voulais juste lui rendre hommage, lui dire que je le respectais et que je l'aimais beaucoup.» Un livre d'entretien entre les deux hommes sera même publié ces jours-ci en Europe.
Même s'il est très occupé dans son coin de pays, le père de famille, qui a fondé une association pour les droits des pères, prendra un peu de temps pour venir nous rendre visite cet été lors des FrancoFolies. «J'aime beaucoup le Québec, Montréal. Je suis d'ailleurs en train de lire une biographie de Leonard Cohen, il parle de plusieurs quartiers de Montréal, des endroits où je suis déjà allé. Puis au Québec, les gens sont particulièrement attentifs aux textes, et quand ça leur plaît, il nous le font savoir.» Ça sera à vous de jouer. 
L'album Menteur, de Cali, est maintenant disponible en magasin au Québec.
lundi, mars 27, 2006
Entrevue avec Cali - L'amour, malgré tout
Publié par
Philippe Papineau
à
2:11 p.m.


