lundi, novembre 20, 2006

Dans une Galaxie de plus en plus loin de chez vous

Toute l'énergie déversée par le groupe rock québécois Galaxie 500 et son leader Olivier Langevin sur les scènes de la province commence à rapporter à l'international, tout particulièrement en France. Le Devoir a rencontré l'orfèvre de la formation quelques jours avant sa véritable rentrée montréalaise, le 24 novembre, au Café Campus.

Philippe Papineau

«J'en reviens pas, c'est trippant, je m'attendais jamais à ça.» Le guitariste Olivier Langevin, à la tête de Galaxie 500, manque d'épithètes pour décrire «ça», une offre que lui et sa bande ont récemment reçue d'une maison de disques française et qui non seulement leur permettrait d'être distribués là-bas, mais leur assurerait aussi un certain nombre de concerts dans l'Hexagone.

Assis devant son café, une tuque noire sur la tête écrasant ses cheveux roux, le musicien essaie de contenir sa joie tant bien que mal. «C'est pas encore signé, il y a quelques points à clarifier, mais l'offre est vraiment très bonne», précise Langevin, qui préfère taire pour l'instant le nom de la maison française jusqu'à ce que le tout soit officiel. La patronne de ladite maison de disques est déjà venue faire son tour à Trois-Rivières à la fin du mois d'octobre pour rencontrer Langevin et ses musiciens, François Lafontaine ([karkwa]), Fred Fortin, Vincent Peake (GrimSkunk, ex-Groovy Aardvark) et Pierre Girard. Preuve que la signature est imminente, elle sera même de passage ce soir et demain au Lac-Saint-Jean pour finaliser les détails de l'entente qui les liera. «J'aimerais ça signer au Lac, qu'une compagnie française vienne signer à Saint-Félicien, d'où je viens. Je trouverais ça ben trippant comme concept», rigole Langevin.

Si tout se règle comme prévu, les deux albums du groupe seront distribués en France, le deuxième d'abord. Langevin a aussi l'intention de faire refaire la pochette du premier opus éponyme par son ami Martin Bureau, qui a réalisé les très belles oeuvres qui ornent le livret du Temps au point mort, le plus récent album de Galaxie 500. Déjà, une quinzaine de spectacles sont prévus à partir de la mi-mars, et la formation aura même droit à un lancement à Paris.

Angleterre
Comme si les choses n'allaient pas déjà assez bien, les gars de Galaxie 500 peuvent aussi compter sur un appui de taille en Angleterre et aux États-Unis en la personne de Pete Smith, un vieux routier qui a déjà travaillé avec les Who et Led Zeppelin et qui oeuvre maintenant avec Roger Waters. Smith est tombé sous le charme du rock puissant du groupe pendant le Festival d'été de Québec, au point de se payer un billet d'avion de Londres pour revenir les voir jouer... à Rouyn-Noranda! «Y a rien de vraiment sérieux entre nous et Pete, mais il trippe ben raide sur nous autres, explique un Langevin un peu dépassé par les événements. C'est un contact qui va peut-être nous ouvrir des portes dans les festivals, mais disons qu'on s'en va pas conquérir l'Angleterre.»

Aux États-Unis, Galaxie 500 ne se butte pas à un problème linguistique, mais plutôt à un problème d'appellation, car un groupe du même nom y existe déjà, ce qui chicote les producteurs rencontrés par la formation. Langevin semble même s'être résigné à y changer le nom de sa bande, mais n'a pas encore arrêté son choix. Quant à la langue, ce n'est pas un souci pour lui. «C'est l'énergie du band sur scène qui va d'abord nous permettre de percer, peu importe la langue.»

Le rouquin se réjouir des percées internationales de son groupe car il est bien conscient que le type de musique qu'il compose, sans appui des radios, ne peut pas être très rentable. À ce jour, un peu plus de 2000 exemplaires du Temps au point mort ont été écoulés. «C'est pas trop de la musique qu'on écoute en soupant! C'est pour ça que ça serait le fun que ça marche bien en France, ça permettrait d'élargir le champ de tir. Ça prendrait pas un énorme succès là-bas pour égaler les ventes d'ici.» D'ici là, Galaxie 500 a encore les pieds ancrés en sol québécois. Vendredi prochain, le 24, le groupe sera sur la scène du Café Campus pour ce qui est considéré par Olivier Langevin comme la véritable rentrée montréalaise du quintette. «On va faire des tounes qu'on fait pas d'habitude, les chansons plus relax de l'album, comme Nuages à boire, que tout le monde nous demande. C'est notre soirée, on se paie un trip.»

Publié dans Le Devoir du 17 novembre 2006. Photo Jacques Grenier Le Devoir