lundi, février 05, 2007

Richard Guétare

Le festival Voix d'Amériques, qui se poursuit jusqu'au 9 février, célébrait cette année Richard Desjardins. Richard était sur la scène de La Tulipe, jeudi et vendredi, devant une foule qui s'était précipitée quelques semaines plus tôt pour acheter des billets. Tout vendu, sold-out, tout s'est vendu comme des petits pinceaux, comme disait Van Gogh.

Finissant le boulot vers les 19h43, je saute dans un taxi avec le collègue S. pour ne rien rater. 19h53, la taxi freine (dérape?) rue Papineau, on y est. Une seconde d'hésitation: pourquoi n'irais-je pas au Bingo Mont-Royal? Et puis non, je suis allé la semaine dernière et j'y ai flambé ma paye et y ai bu comme un trou, un peu de retenue cette fois ci.

Table d'accueil, bouncer désagréable, il m'étampe (sur la main), vestiaire, bière... et les lumières s'éteignent, comme si le gars de l'éclairage m'attendait.

Desjardins présentait deux concerts, en solitaire avec sa guitare. Même si au cours de sa carrière, il a troqué souvent son piano pour la "guétare", c'est franchement au piano qu'il excelle. Malgré plusieurs accrochages de parcours, Desjardins nous a gardé le sourire au lèvres pendant deux heures. Plusieurs petites bourdes, des accords mal barrés, du finger-picking raté, des paroles oubliées... En fait, c'était plus proche de nos interprétations personnelles de salon que des versions des albums, et c'était tant mieux ainsi. On s'en doutait, et on ne voulait pas un Kanasuta prise 2, aussi merveilleux était ce dernier concert.

Quand les lumières se sont éteintes, Desjardins a récité Akinsi, sans musique, sans un son dans la salle. "Rappelle-toi petit, la mort n'arrive jamais / Dans la toundra, 'est déjà là." Frissons. Puis Y'a rien qu'icitte qu'on est ben, la magnifique Au pays des calottes, Et j'ai couché dans mon char (suivi encore de sa version Renaud), Boomtown Café, Les Yankees, Quand j'aime une fois j'aime pour toujours (dont il a chanté les deux premiers couplets en espagnol), Les Bonriens... et plein d'autres.

Le tout était parsemé de monologues, d'histoires... Sylvain Rondin, ingénieur forestier est venu faire son tour, avec son casque blanc recouvert d'un mohawk en tige de bois, son gilet orange et jaune réfléchissant et ses lunettes fumées, pour nous parler de la forêt. Plus tard, Desjardins s'est permis de nous parler de l'Action boréale, qui passerait bientôt en mode brasse-camarade. pendant ces interventions, le son de son micro était à la limite du trop faible, mais il faut dire qu'un insignifiant pacté à côté de moi, arrivé une heure en retard, beuglait des niaiseries et parlait pas mal fort en tripotant sa blonde qui sentait fort le parfum cheap. Je suis pas certain, mais je pense qu'ils arrivaient du Bingo.