mercredi, juin 20, 2007

Critique - Abd al Malik

Rap
Gibraltar
Abd al Malik
Maisonnette - Sélect

Abd al Malik commence à peine à faire jaser ici, mais du côté de nos cousins français, ce rappeur peu commun a déjà vendu 200 000 exemplaires de Gibraltar, son deuxième disque solo. Côté musique, tout est mélange, et on trouve beaucoup de bon. On y entend la guitare de Mathieu Boogaerts, un extrait d'un vieux refrain de Keren Ann, des cadences jazz, le phrasé du slam et les vibrations du tango. Abd al Malik s'inspire aussi grandement de Brel, ayant même eu l'audace d'inviter le pianiste du grand Jacques, Gérard Jouannest, et l'accordéoniste Marcel Azzola, le Marcel d'«Allez, chauffe, Marcel!» d'Amsterdam. Petit voleur devenu sage, catholique devenu musulman, intégriste devenu adepte du soufisme, Abd al Malik décline au «je» ce qui le touche: l'immigration, l'intolérance, la violence des banlieues, le passage à la célébrité, l'amour... Les chansons de celui qui a gagné une Victoire de la musique cette année sont de petites histoires, des nouvelles, parfois un peu trop chargées, un peu trop didactiques, mais toujours pertinentes. Dommage que ce bon album se termine en queue de poisson avec Adam et Ève, un duo avec sa femme, de loin le titre le moins bon de Gibraltar. On vous en reparle pendant les FrancoFolies.
Philippe Papineau

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Paru dans Le Devoir du 15 juin 2007