mardi, juillet 31, 2007

Abd al Malik - les meilleures citations

Abd al Malik est un rappeur français qui vient de lancer ici son deuxième disque Gibraltar. Il a su composer des pièces mélangeant le rap, la chanson et le jazz. On y trouve de forts accents de Brel, d'autant que Gérard Jouannest, le pianiste du Grand Jacques, joue avec Malik sur ce disque. Vers ses 15 ans, Abd al Malik, catholique par ses parents, se convertit à l'islam, mais dans une branche qu'il avoue lui même très près du fondamentalisme. Plus tard, il découvre le soufisme, "le coeur de l'islam". Homme instruit et spirituel, poète habile, il cite les philosophes comme si de rien n'était. Je vous propose quelques unes de ses meilleurs répliques, récoltées en entrevue pour Le Devoir.

Sur le rap
-- "Le rap, c’est le blues d’aujourd’hui, c’est le jazz d’aujourd’hui, c’est le rock d’aujourd’hui, c’est la B.O. de notre époque."

-- "Le challenge du rap à notre époque, c’est de renouveler son esthétique, ses thématiques. Et avec Bilal de New Africans Poets, avec qui j’ai composé ce disque, on a eu envie de donner un coup de pied au sectarisme qui gangrène le rap. Et dire a tout le monde que le rap c’est une musique riche, ouverte, courageuse. "

Sur la musique en général, sur l'artiste
-- "Qu’importe qu’on fasse de la pop, du rock, du folk, de la musique classique, il ne faut jamais oublier que l’art en général et la musique en particulier, c’est une possibilité de partager des émotions (...) Derrière tous nos vêtements, derrière tous les genres musicaux qu’on a choisi, y’a juste des femmes et des hommes avec un cœur qui bat, et ça c’est essentiel."

-- "Évidemment les choses se passent bien, les disques se vendent, mais si vous voulez, demain tout peut s’arrêter. Tout simplement, si mon prochain disque plaît moins, tout s’arrête. Mon métier ce n’est pas un sprint, c’est une course de fond. Je vois Juliette Gréco qui est encore sur scène après 60 ans de carrière, et moi, est-ce que je serais encore là l’année prochaine? Moi ça me fait relativiser énormément."

-- "Moi je dirais que je suis là, comme dirait Albert Camus, pour être entre le refus et le consentement. Et dans la manière de faire mon art, je suis dans le refus total, je ne suis pas là pour dire ce que les gens veulent entendre. Et en même temps, je suis dans le consentement, car je suis un artiste et j’ai envie d’amener ma musique au plus grand nombre. Mais c’est pas parce que je suis prêt à amener ma musique au plus grand nombre que je suis prêt à faire des concessions dans ma manière de faire de la musique."

Sur ses textes
-- "Moi, je questionne. C’est pour ça que selon moi, l’artiste par excellence, c’est le philosophe Socrate. Socrate il ne donne pas des réponses, il questionne. Il y a une tradition soufiste qui dit que la question est plus importante que la réponse, parce que dans la question, il y a déjà la réponse en germe. Avec ma musique, je questionne mon époque, mes contemporains. Je questionne mon contexte, mon pays, le monde. J’essaie d’amener un peu de nuances, un peu de complexité. Les choses sont peut-être un peu moins simples que l’on croit."

Sur l'étiquette religieuse qu'on pourrait lui accoler
-- Montaigne il dit : tout entier, et tout nu. Ça veut dire qu’à partir du moment on on fait une démarche personnelle, finalement, toutes nos facettes apparaissent. La spiritualité est importante pour moi, mais la véritable spiritualité n’oblige pas, n’oblige personne. Je parle de moi, de mon cheminement. Je ne suis pas un animateur social, un politique ou un religieux derrière un micro, je suis un artiste, ma matière c’est moi, je parle de moi, de ma manière d’être au monde."

Nom mais, quand même, on est loin des réponses monosyllabiques!