vendredi, août 03, 2007

FrancoFolies - toujours en vadrouille

Quel heureux mercredi d'août! Si, après tous ces concerts extérieurs et intérieurs, notre capacité d'émerveillement commençait à s'émousser, plusieurs concerts nous ont tout de même séduits.

Avant de filer au théâtre Maisonneuve pour entendre ce fameux Grand Corps Malade dont le collègue Sylvain Cormier vous parlait très justement hier, c'est vers Benoît Paradis que nos pas et nos oreilles se sont dirigés. Une foule plutôt nombreuse, assise sur la pelouse, écoutait attentivement ses chansonnettes jazz un peu déglinguées. Pas sérieux pour deux sous, faisant penser à un Damien Robitaille qui jouerait du trombone, Paradis nous a beaucoup plu, même si c'est dans de petits bars qu'il excelle.

Plus tard, c'est Tricot Machine qui nous attendait, ou plutôt l'inverse. Le constat le plus clair, c'est que Matthieu Beaumont et Catherine Leduc ont pris du galon depuis leur concert au théâtre Sainte-Catherine, à Montréal. Là où les voix étaient auparavant hésitantes, elles étaient justes et fortes mercredi soir. Pile sur la note. Les craintes que les «la la la» de la pièce Les Oreillons nous abîment les tympans n'avaient plus leur raison d'être. Et si on trouvait qu'il manquait un peu d'ampleur à ce concert à deux, la performance de mercredi, à 11 musiciens, nous a décroché la mâchoire. Quand la fanfare est arrivée (déguisée) lors d'Un monstre sous mon lit, le poil, ce juge implacable, nous a dressé sur le corps.

Au moment de partir, le couple a entamé la magnifique Les Peaux de lièvres, comme pour nous dire: «Allez, reste, juste un peu.» Allez, que nous nous sommes dit, restons, juste un peu.

Il a donc fallu s'arracher du Cabaret Juste pour rire (il reste encore des places pour ce soir et demain), direction le Spectrum, où Abd al Malik performait. Performer, c'est le mot, car le rappeur français danse, fort bien d'ailleurs, il joue, il anime, il raconte. Il a rendu hommage à Brel, «un rappeur au flot dingue», chantant Ces gens-là en introduction de sa pièce Les Autres. Comme le grand Jacques, Malik est passé maître dans l'art oratoire. Les silences, les hésitations, le rythme: tout y est pour captiver n'importe quel auditoire. En plus, il a rendu hommage au Spectrum, dont il aurait pu se foutre comme de l'an 40. «Il gardera son âme, même si le bâtiment ne sera plus là... » Sage jusqu'au bout des doigts, cet Abd al Malik!