Avant Malajube, Mes Aïeux et Les Trois Accords, avant Dare To Care, La Tribu et C4, la scène émergente avait déjà son lot de guerriers qui, malgré une diffusion déficiente et trop peu d'infrastructures adaptées, avaient l'audace de faire les choses différemment. Au même titre que Jérôme Minière, Les Chiens et WD-40, le Franco-Québécois Didier Boutin, spécialiste de la pop éclatée et drôle d'énergumène, continue sa route dans le monde musical de la province. Il lance aujourd'hui son plus récent album, L'amour n'a pas de sexe, et sera ce soir même sur la scène du Cabaret Juste pour rire dans le cadre du Coup de coeur francophone.
La musique indépendante, Boutin connaît. Déjà, en 1992, il enregistrait un disque avec Les Cabochons. En 1999, il enregistrait un split avec le groupe Tremolo qui, heureux hasard, lance un nouvel album à peu près en même temps que lui, cette fois-ci sous le nom d'El Motor. Si cette dernière formation a maintenant un contrat avec une grosse étiquette de disques, Didier Boutin persiste en s'occupant lui-même de ses affaires avec la petite équipe de Salon rouge. «J'y crois beaucoup, à l'indépendance. Mais il faut bien s'entourer, car il y a beaucoup de travail, beaucoup d'administration à faire. On apprend encore.»
Son plus récent effort sera disponible chez les disquaires indépendants, sur Internet et dans quelques succursales Archambault et Renaud Bray.
Du sexe et de l'amour
Sur L'amour n'a pas de sexe, Didier Boutin a pris une voie musicale bien différente que sur Sans le malheur, le bonheur, c'est triste, son dernier disque, paru en 2004. «J'ai beaucoup simplifié mes chansons, explique-t-il. J'ai pas mal laissé tomber le côté électronique, j'ai changé les trompettes pour les guitares. Il fallait que je puisse jouer ce disque-là seul dans mon salon.»
Tout ça a d'ailleurs été enregistré dans un chalet à Saint-Zénon, pratiquement en solitaire, à un rythme de vacancier. «L'expérience de studio, c'est plus lourd, ça coûte cher, tu penses toujours à tes sous, surtout quand tu n'as pas beaucoup de moyens. Alors, j'ai préféré prendre mon temps au lieu de me stresser à accorder ma guitare en vitesse... »
Résultat: ce disque est «très humain, très organique». En toute logique avec le sujet principal de ce troisième disque fait en sol québécois: le sexe. «On y marche sur un fil: à gauche, c'est le sexe, à droite, c'est l'amour, et l'équilibre est précaire!», rigole Didier Boutin. «On ne peut pas dissocier les deux, mais comme je le dis sur l'album, si l'amour est le roi, le sexe n'est qu'un valet. Le remède à une peine d'amour, c'est l'amour!» Fleur bleue, le Didier? «Ouais, je suis un romantico-poétique!»
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Paru dans Le Devoir du jeudi 8 novembre 2007
samedi, novembre 10, 2007
Didier Boutin - Chanson lubrique, organique et indépendante
Publié par Philippe Papineau à 5:47 p.m.
Libellés : Didier Boutin