dimanche, avril 06, 2008

Philippe B., arrangeur-évocateur-interprète

























Trois ans après avoir offert au public québécois un premier disque pop-folk conçu et joué presque en solitaire, le guitariste et chanteur Philippe B. revient avec Taxidermie, un album qui oscille entre berceuses et chansons rythmées et pour lequel le mélodiste s'est entouré de toute une bande de musiciens.

Philippe B., de son vrai nom Bergeron, n'a pas eu à chercher très loin pour se trouver des complices avec qui entrer en studio pour enregistrer ses dix nouvelles compositions. C'est que cet Abitibien, ancien leader du groupe Gwenwed, a passé le plus clair des trois dernières années à accompagner Pierre Lapointe sur scène. Entouré de musiciens, quoi.

«Ce que je fais comme musique est très différent de ce que Pierre fait, je suis plus dans le folk, un peu roots, pas tout à fait country, explique-t-il. Mais en tournée, il y avait un contrebassiste, un violoniste et une accordéoniste, bref les musiciens dont j'avais besoin. En plus, je passais mes journées avec eux, on s'entendait bien et ils connaissaient déjà les pièces.» Ce sont donc ses talentueux amis Philippe Brault, Guido Del Fabro et Josianne Hébert qui ont enjolivé les morceaux de Bergeron sur Taxidermie.

Ce deuxième disque de Philippe B., moins solo quoique toujours signé de son seul nom, tangue entre les moments doux et les crescendos, entre les mélodies de berceuses et les envolées de cordes. Par le son organique et par certains de ses arrangements, Taxidermie fait songer à Kanasuta de Richard Desjardins, un album réalisé par Yves Desrosiers. «Côté francophone, je vais plus me rapprocher de Desjardins que de certaines influences françaises, ne serait-ce que par le niveau de langage ou même le timbre de voix. Mais mes influences sont plus américaines», précise le musicien de 33 ans.

Les bons mots sur la bonne musique
À force de discuter avec Bergeron, on finit par comprendre qu'il n'est pas le genre d'arrangeur à se borner à plaquer une musique X sur un texte Y. «Faire de la poésie, c'est une chose en soi; faire de la musique, c'en est une autre. Et faire de la chanson, c'est réussir à faire la symbiose entre les deux mondes. Paul Simon, par exemple, n'est pas le plus grand poète ou le meilleur musicien, mais c'est un grand songwriter, il a trouvé un équilibre.»

Tout au long de l'album, l'auteur-compositeur-interprète a tenté de jouer avec le pouvoir évocateur des mots, particulièrement celui des noms de villes et des noms de gens. On y retrouve des pièces nommées Laurence d'Abitibi, Chelsea mon amour, Je n'irai pas à Bilbao, Rose de cactus... «Ce sont des histoires de personnes et de lieux, de la relation entre les deux. Comment est-on dans un environnement et quel est l'impact qu'on a sur cet environnement?»

Il est vrai qu'en écoutant Je n'irai pas à Bilbao, on vogue à travers les images fortes que dégagent Liverpool, Marathon, Osaka ou le Tennessee. «Le visuel de l'album ramène à ça. On a un milieu clos, sans protagonistes, mais l'environnement seul nous suggère des choses. C'est quoi la bibitte qui va aller là? Une marmotte? Un humain?»

Philippe B, qui commencera une tournée québécoise mercredi au Lion d'Or, aimerait bien pouvoir faire plus de concerts cette année. Pour son premier disque, son horaire hyper chargé avec Pierre Lapointe ne lui en avait pas vraiment laissé le temps, ce qui a occasionné quelques discussions entre les deux créateurs. Mais Philippe B. n'est pas amer pour autant, d'autant plus que l'année qui vient sera moins occupée pour Lapointe. «On va travailler beaucoup sur le concert Mutantès, qui sera entre autres joué aux FrancoFolies cet été, précise Bergeron. C'est un gros spectacle, mais il y aura moins de dates, ça me laissera plus de temps pour monter sur scène.» Pour notre grand plaisir.

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Philippe B. offre la pièce Rose de cactus en téléchargement gratuit au http://www.philippeb.ca/