dimanche, avril 13, 2008

Urbain Desbois au Lion d'Or - Boute-en-train Desbois

C'était un peu, voire très casse-gueule que de monter sur scène jeudi soir. Un soir où le Canadien de Montréal joue un match en saison régulière, va encore. Mais le soir du premier match éliminatoire? Il fallait du courage. Pas plus fou qu'un autre, Urbain Desbois, comme quelques autres formations musicales qui jouaient ce soir-là, a décidé de repousser l'heure de son concert, question de laisser les partisans du Tricolore célébrer pleinement. Même que le Lion d'Or a diffusé le match sur grand écran, afin de combler les mélomanes-sportifs.
Pari réussi, car la foule était plus que respectable pour la rentrée montréalaise du ménestrel. Rentrée tardive, d'ailleurs, car son dernier album, La gravité me pèse, a paru le 15 mai dernier. Mieux vaut tard que jamais: la foule, vendue d'avance, a eu droit à un sacré numéro.

Est-ce qu'Urbain Desbois était porté par la victoire convaincante du Tricolore? On ne saurait le dire, mais le sympathique guitariste était tout feu tout flamme. On le savait capable de beaucoup d'humour, mais jeudi, c'était hilarant. Une boutade après l'autre. Avec son veston noir et ses lunettes à monture épaisse, Desbois faisait le boute-en-train.

«Avant de commencer, si vous avez des questions, posez-les-vous», a-t-il lancé, pince-sans-rire, avant de remercier le Canadien d'avoir bien voulu faire sa première partie. Plus tard, un verre en main: «La tuyauterie est bizarre au Lion d'Or: l'eau est jaune et elle goûte fort.» Plus philosophe, il a aussi lancé: «C'est dans les temps morts qu'on réalise que le temps est précieux.» Et en début de deuxième acte -- un peu trop bavard --, le jongleur de mots nous a lancé: «Laissez-vous aller, mais laissez-vous pas faire.»

C'est ce qu'on a fait, avec grand plaisir. Parce que, à travers tout ça, il y avait bien sûr des chansons, et des bonnes. Avec ses trois musiciens -- Ugo Di Vito, Éloi Deit et Benoît Rocheleau -- et de petits arrangements jazz, même ses pièces les plus faibles prenaient du galon. Et ses plus fortes n'en étaient que davantage blindées.

Si Desbois est fort dans les jeux d'esprit («puisqu'il faut mourir un jour / aussi bien mourir le jour / que de mourir d'ennui», L'Usure), il sait aussi se faire tendre, particulièrement sur Servicissitude. Vraiment, Urbain Desbois nous a fait passer un très bon moment. Il faut le contredire quand il chante Mes chansons ne servent à rien: elles nous font rire, sourire, réfléchir.