vendredi, mai 16, 2008

La Descente du coude: du politique au personnel

La vie semble avoir fait son oeuvre sur la formation punk-rock La Descente du coude. Trois ans après avoir lancé avec un certain succès d'estime son premier album complet, intitulé L'Indécence du coup, le quatuor a visiblement gagné en maturité et en sagesse, simplifiant ses chansons et délaissant les grandes dénonciations politiques pour adopter un discours plus personnel. De quoi faciliter votre propre coup de foudre potentiel.

La Descente du coude -- un clin d'oeil à la célèbre et toujours dangereuse attaque qu'il est possible de lancer contre un adversaire sur un ring de lutte -- s'était faite très discrète au cours des derniers mois, ne jouant presque plus sur les scènes québécoises. Paternité, retour aux études et travail dans l'entreprise familiale sont quelques-unes des raisons pour lesquelles le chanteur Simon Leduc, le guitariste André-Guy Nichols, le bassiste Pierre-Olivier Gratton et le batteur Normand Desrochers étaient moins disponibles pour leur groupe.

«Ç'a un peu ralenti le processus de composition, mais en même temps, on arrivait au local de pratique avec des chansons plus structurées, raconte Simon Leduc. On avait tous la même volonté de simplifier les formes, d'être cohérents, d'y aller avec moins d'idées mais de plus les exploiter.»

Sur Coup de foudre, on retrace des guitares à la Malajube, des mélodies à la Vulgaires Machins, des voix à la sauce Trois Accords et des textes remplis de jeux de mots rappelant la prose d'Urbain Desbois. La Descente du coude y délaisse les structures complexes, presque progressives, et a davantage posé les voix.

Ce groupe qui a la réputation de faire bang! a-t-il voulu faire un peu plus... pop? «Oui, j'accepte le mot "pop". Notre musique est moins nerveuse, on se calme un peu. Y a ben des choses qui ont changé dans nos vies. On ne voulait pas faire un album agressif, on ne l'aurait pas senti du tout», raconte le chanteur du groupe, dont les membres ont tous soufflé entre 27 et 32 bougies sur leur dernier gâteau d'anniversaire.

Nouvelles perspectives
Le quatuor, membre de l'étiquette Dare To Care depuis plusieurs années déjà et maintenant sous l'aile de sa filiale Grosse Boîte, avait l'habitude de dénoncer le coquin, de montrer du doigt les dirigeants politiques et de parsemer ses textes d'acronymes comme NORAD, ALENA, OGM... Maintenant, fini les réquisitoires; place aux textes plus personnels.

«Il y a toujours une dimension politique dans toute chanson, mais ma perspective a changé, précise Simon Leduc, qui étudie la littérature à l'UQAM. Avant, j'avais plus tendance à écrire sur des enjeux plus globaux; là, je parle de cas plus particuliers. Il y a peut-être moins de dénonciations ou de revendications qui sont mises à l'avant-plan, mais je pense que ça s'articule de manière plus subtile, en sous-entendus.»

Le meilleur exemple en est peut-être la chanson Triste mais vrai -- un titre qui rappelle Sad But True de Metallica --, qui raconte une balade dans Hochelaga-Maisonneuve. «Y a du monde aujourd'hui sur Ontario / À l'ombre du Plateau / À l'est de l'espérance / L'estomac en carence.» Raconter la misère d'un simple être humain au lieu de fustiger un État incompétent, quoi.

Les textes de Leduc ne sont pas plus radieux pour autant. Peuplés d'insomnies, ils tournent souvent autour d'une certaine insécurité, d'un mal de vivre. En écrivant la chanson Matéo part pour la garderie, le chanteur, pour une fois, pensait faire une chanson légère à propos de son fils. Erreur. «Je me suis rendu compte que ça venait plus chercher des angoisses que j'avais par rapport au fait d'être parent. Ce n'est plus tant une chanson sur lui qu'une chanson sur moi!»

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Coup de foudre
La Descente du coude
Grosse Boîte