3870, 3872, 3874. Ah, une grosse porte, puis les marches du Jupiter Room, boulevard Saint-Laurent, pas si loin que ça du graveur de pierre tombale. Je prépare mon épitaphe au cas: "La vie est un combat, j'étais journaliste pugiliste."
En haut des marches, la salle jupitérienne se dévoile. Faite sur le long, la petite salle est bordée d'un grand bar, dont les parois habituellement éclairées en rose sont recouvertes d'un papier aux couleurs du Pop Montréal -- c'est ici une étape de la tournée Pop Off Tour --, du genre blanc et noir zébré. Trois grands draps blancs font office d'anti-voiles devant les bouches d'air conditionné.
Au fond, la scène est sombre, éclairée seulement par deux lampes recouvertes d'abats-jour rouges. Plus que tamisé, quoi. Au-dessus du bar, plusieurs télévisions diffusent Le Seigneur des anneaux version dessins animés, celui-là même qui passait quand j'étais petit dans le temps des Fêtes. Les bouttes où Frodon mettait l'anneau me terrifiaient toujours, car il passait dans un univers semi-filmé et semi-animé hyper sombre: la frousse.
Drôle de décor, donc, pour accueillir hier soir, Caroline Keating, Elfin Saddle et Slim Twig, qui étaient à Montréal après une escale à Québec, et avant une étape à Ottawa ce soir et Toronto demain.
C'était une première rencontre avec Caroline Keating. Seule au piano pour une dizaine de chansons, la jeune femme de 20 ans s'est exécutée pratiquement sans fausses notes, sauf peut-être quelques doigts fourchus sur une nouvelle chanson. Comme on vous l'a déjà dit lors d'un cours mot, Keating chante en anglais dans un timbre similaire à celui de Béatrice Martin, alias Coeur de pirate -- même si Keating en a un peu marre de cette comparaison. Disons pour ajouter que sur scène, sa voix est plus jazzée, plus contrôlée, très accrocheuse. Du velcro d'oreille. Parlant de jazz, elle a d'ailleurs repris la chanson A Women Will Do Wrong, de la méconnue Irma Thomas. Moi-même, j'ai googlé.
Cela dit, il y a une certaine redondance au style de piano de Caroline Keating. Un peu cabaret comme Richard Desjardins, un peu classique aussi, les rythmiques finissent par se ressembler. Somme toute un joli moment malgré une foule un peu clairsemée.
En deuxième partie, le duo Elfin Saddle ne bénéficiait pas d'une foule beaucoup plus abondante. Emi Honda et Jordin Mckenzie, qui sont déménagés de Vancouver vers Montréal il y a de ça quelques mois/années, nous ont quand même offert une bonne dose de "folk chamanique hypnotisant" -- future marque déposée. Les voix étaient souvent fausses, mais le reste compensait: les rythmes pas loin du Tom Waits époque la plus percussive, le xylophone, l'accordéon, les rythmes de guitares répétitifs nous mettait en transe.
La suite, je ne peux vous la raconter, je n'y étais plus. Mais mentionnons que les télés n'étaient pas éteintes durant la soirée. Et que j'ai maintenant beaucoup moins peur des moments de mettage d'anneau au doigt. Ne reste qu'une petite peur refoulée, par défaut.
vendredi, juin 13, 2008
Caroline Keating, Elfin Saddle et Le Seigneur des anneaux
Publié par Philippe Papineau à 5:37 p.m.
Libellés : caroline Keating, elfin saddle, jupiter room, Pop Montréal