lundi, novembre 24, 2008

Mononc' Serge fait du métal (prise 2)





Cinq ans après le succès de L'Académie du massacre, le fruit de l'union entre Mononc' Serge et Anonymus, voici que le chansonnier déjanté et le groupe métal québécois s'associent de nouveau pour lancer une toute nouvelle bombe bourrée d'autodérision, nommée avec justesse Musique barbare.

Cette réunion, on la doit à l'insistance du public, qui n'a cessé de talonner Mononc' Serge, de son vrai nom Serge Robert, à chacun de ses concerts. Il faut dire que L'Académie du massacre a été un succès commercial retentissant, qui s'est écoulé à près de 17 000 copies à ce jour, un nombre impressionnant pour un album métal.

«Il y a des gens qui n'étaient intéressés ni par moi tout seul, ni par Anonymus, mais qui étaient intéressés par cette réunion, tente d'expliquer Mononc' au bout du fil. On se complète bien. Anonymus, c'est de la musique ben excessive, ben agressive, et dans mon humour et dans mon écriture, on retrouve ça aussi. Parmi les projets que j'ai faits, c'est celui qui a marché le mieux.»

Si L'Académie du massacre était essentiellement construit autour de reprises de chansons de Mononc' Serge, Musique barbare, lui, est composé en totalité de matériel original. «Le premier disque, je le voyais comme une parenthèse, comme quelque chose entre deux albums, explique l'auteur de Marijuana et de Môman Dion. Cette fois-ci, c'était comme un album régulier, ça m'a demandé le travail qu'exige un album studio régulier.»

Désir de cohérence
Musique barbare est né du désir qu'avait Mononc' Serge d'offrir un produit plus cohérent que son plus récent disque, Serge blanc d'Amérique, qu'il jugeait musicalement éparpillé. «J'ai rassemblé les tounes que j'avais dans mes tiroirs, et des trucs sur lesquels j'étais en train de travailler, et il y avait une masse critique de chansons qui étaient plus heavy, plus rock. Alors, je me suis dit que je pourrais les faire avec Anonymus. Je les ai appelés, puis ils ont bien voulu faire le projet avec moi.»

Le prolifique musicien -- huit albums, un CD-DVD et un DVD -- se moque beaucoup de lui-même sur ce dernier effort. «Il se roule dans la fange / Se cantonne dans la frange / Toujours plus haineux, débile et criard / Il fait de la musique barbare», chante-t-il sur la pièce titre. «Sur Serge blanc d'Amérique, j'avais fait le choix d'aborder des sujets sociopolitiques, moins écervelés que d'habitude, comme l'image des gros, le téléchargement, le culte de la minceur. Là, je me suis gardé des chansons un peu plus personnelles, il y a beaucoup de chansons où je me dépeins moi-même dans l'exercice de mon travail de musicien.»

Reste que Mononc' Serge, c'est Mononc' Serge, et Musique barbare comprend son lot de vulgarité et de méchanceté, particulièrement sur deux textes, Le Rejet et Un clown pour grand-papa. «J'incarne un personnage méchant qui s'en prend à quelqu'un qui est faible, je prends la position du bourreau. Mais pour moi, ça reste de la fiction. D'ailleurs, il y a quelque chose de très "rough" qui était sur les albums précédents et qui n'est pas là cette fois-ci, et ce sont les attaques personnelles. Ça, je vois ça comme un adoucissement», précise le musicien, qui a déjà écorché Sébastien Benoît, Mario Dumont, Jean Charest et Céline Dion.

Musicalement, Anonymus est à la hauteur de sa réputation, jouant rapidement et bruyamment. Notons que depuis L'Académie du massacre, la formation métal a perdu son guitariste Marco Calliari, remplacé depuis par Jef Fortin, qui a réalisé l'album. «Jef ne joue pas de la guitare comme Marco, les solos sont pas mal différents, explique Mononc' Serge. Sinon, c'est Anonymus qui décidait s'il gardait mes arrangements ou s'il en faisait d'autres. Moi, je les suis au niveau de la musique, c'est du monde qui travaille ben sérieusement.»

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Plusieurs spectacles sont déjà prévus en décembre, dont quelques-uns avec la formation française Tagada Jones. http://www.mononc.com/.