mercredi, juin 24, 2009

L'Autre Saint-Jean: jeunesse d'aujourd'hui

Malgré quelques escarmouches verbales et sonores qui sont venues mettre quelques touches plus sombres au tableau en tout début de soirée, L’Autre Saint-Jean s’est déroulée rondement, hier soir, rassemblant une foule très impressionnante au parc Pélican, dans l’arrondissement Rosemont – Petite-Patrie. La jeunesse s’y était clairement donné rendez-vous, sans drapeau, mais sans oublier son cellulaire.

Cette fête de quartier a attiré beaucoup d’attention dans les derniers jours, car en plus d’avoir mis à l’affiche quelques-uns des meilleurs groupes et artistes francophones du moment, comme Malajube, Vincent Vallières, Les Dales Hawerchuk et Marie-Pierre Arthur, les organisateurs avaient conviés à la fête des anglophones de Montréal, le groupe Lake of Stew ainsi que Bloodshot Bill.

Ils ne sont toutefois qu’une vingtaine d’opposants à cette présence anglophone à être entrés sur le site après une fouille minutieuse de la sécurité. Armés de caisses claires et de tambourins, les manifestants ont fait du tapage pendant la performance du groupe Lake of Stew, criant «Québec français», alors que d’autres ont invectivé le groupe directement. Calme et polie, la formation a terminé sa courte performance en entonnant Harmonie du soir à Châteauguay, de Beau Dommage, faisant ainsi taire les protestataires.

La foule – qui s’était faite discrète jusque-là – est arrivée en masse une heure plus tard, après la performance de Marie-Pierre Arthur, laissant bien peu d’espace pour de plus amples mécontentements face à l’énergique performance de l’hirsute homme-orchestre Bloodshot Bill. Les mélomanes avaient pris le dessus.

Selon nos estimations, plus de 10 000 personnes étaient présentes sur place. « On exprime la voix d’une certaine masse », résumait hier soir le porte-parole de l’Autre Saint-Jean, Jules Hébert. Beaucoup de jeunes familles, d’adolescents et de Montréalais dans la mi-vingtaine se sont déplacés pour entendre les fleurons de la musique alternative d’ici, ceux qui, peut-être, formeront notre patrimoine musical de demain.

Et la jeunesse fête à sa façon. C'est-à-dire sans grands discours patriotiques – exception faite des mots des élus du coin –, sans brandir de fleurdelisés et… le téléphone cellulaire collé à la main, envoyant les « té ou ?» à ses amis pour les retrouver. Aussi, rarement a-t-on vu une fête de quartier de la Saint-Jean Baptiste avec des séances de bodysurfing. Autre public cible, autres mœurs!

C’est Vincent Vallières qui a véritablement soulevé la foule le premier. Le chanteur folk-rock a profité de la soirée pour tenter quelques nouveaux morceaux. Les autres groupes de la soirée n’ont pas été en reste. Avec leur mitraille de chansons rock, Les Dales Hawerchuk ont reçu un très bon accueil tout comme Malajube, qui jouit d’une réputation béton sur la scène indie-rock mondiale. Visiblement, hier soir au parc Pélican, la jeunesse québécoise se sentait choyée, écoutée, représentée.