dimanche, octobre 18, 2009

Polipe - Funk ta maladie

Apôtres du mieux-vivre et fabricants de musiques rayonnantes, les trois musiciens du groupe Polipe ont lancé cette semaine un premier disque, Tropiques du cancer, où des textes inspirés de la mort sont bercés d'un éclatant mélange de funk et de rock aux accents de musique progressive. Sacrée mixture!

Il y a déjà trois ans que ces amis de longue date nés à Saint-Antoine-de-Tilly font parler d'eux, soit depuis la parution de leur premier EP. Antoine Tardif, Francis Lafleur et Pierre-Luc Bégin avaient attiré l'attention avec leur musique éclatée remplie de prog. Un passage aux Francouvertes, quelques concerts et d'innombrables heures de répétitions plus tard, Polipe a trouvé un son plus équilibré quoique inusité, quelque part entre les harmonies vocales de Malajube, les guitares de Led Zeppelin, la pop british des jeunes Beatles et des influences latines acidulées.

Maintenant avec la maison de disques La Confiserie, dirigée par leur ami Navet Confit, les trois musiciens ont travaillé en studio avec le réalisateur Cristobal Tapia de Veer, qui a voulu transposer sur Tropiques du cancer la complicité de Polipe sur scène. «Il partait avec l'idée de garder ça assez cru, raconte le batteur Pierre-Luc. Par contre, nous, on avait des idées à la Beck, sans temps morts.» Le guitariste Francis Lafleur hoche la tête. «On avait envie que ça sonne gros, de profiter des atouts du studio. Mais en même temps, je n'ai pas doublé mes guitares et, derrière les solos, il n'y a pas de guitare rythmique. Avant l'enregistrement, je n'arrêtais pas d'écouter Please Please Me, des Beatles, j'avais envie que ça soit simple comme ça.»

Contraste
La musique vitaminée de Polipe contraste avec les propos de la douzaine de chansons de ce Tropiques du cancer, qui, après quelques débroussaillages, laisse filtrer un pan plus sombre des derniers mois dans la vie des membres du groupe. D'un côté, la chaleur des tropiques, donc, et de l'autre, la maladie, le cancer. «Ils sont conquis jusqu'à la moelle / La vie te sort des aisselles / Et l'avenir te fais de l'ombre», racontent-ils sur Quoi dire. C'est que, pendant l'enregistrement du disque, la mère d'Antoine et le père de Pierre-Luc étaient mourants, atteints d'un cancer qui leur fut fatal -- l'album leur est d'ailleurs dédié.

«On avait envie de les con-seiller, de leur inculquer des modes de vie un peu différents, mais on se perdait dans des discussions», explique Francis, qui voulait aussi fouetter son père, qui a toujours travaillé comme un fou sans penser à son propre bien-être. Dans le cas de Polipe, la frustration aura donc été évacuée par la création.

Humbles mais fiers de leur album, les trois musiciens aimeraient évidemment que le disque se vende bien et qu'il ait «un minimum d'impact sur les gens qui l'écoutent, que ça enjolive leur vie», raconte Pierre-Luc. «Et que ça leur fasse réaliser un minimum l'importance de changer ses mauvaises habitudes.»