vendredi, octobre 02, 2009

Xavier Caféïne, à la vie, à la mort

Trois ans après avoir posé un regard critique sur nos rapports avec le reste du monde avec son album Gisèle, le vétéran rockeur Xavier Caféïne garde toujours le cap. Sur son dernier-né, Bushido, le chanteur a encore les yeux rivés sur l'international, mettant en lumière nos paradoxes dans les domaines de la religion, de la guerre, de la vie et de la mort.

Le titre de ce nouveau disque de Xavier Caféïne n'est pas anodin, loin de là. Celui qui, avec son groupe Caféïne, a lancé son premier album, Mal éduqué mon amour, dès 1997 s'est fortement inspiré du code du Bushido -- sorte de guide de conduite pour les samouraïs -- pour l'écriture des textes. Pas si étonnant quand on sait que l'auteur de La Fin du monde, de Montréal (cette ville) et de Tu ne peux pas partir pratique les arts martiaux depuis environ quatre ans et admire Robert Lepage et le champion de combat ultime Georges St-Pierre.

«L'ouverture du livre du Bushido, c'est un avertissement», explique Caféïne en plissant les yeux pour se souvenir le plus fidèlement possible de la phrase exacte, lue des dizaines de fois. «Toute personne qui se dit avoir l'esprit guerrier se doit de vivre avec la mort à l'esprit jour et nuit. Avoir la mort à l'esprit, ce n'est pas morbide, au contraire. C'est avoir l'idée qu'on n'est pas éternel, c'est respecter la vie en ayant la mort en tête.»

Sans être déprimant, le ton de ce nouveau disque n'est clairement pas à la badinerie. Il y a des coups de gueule en direction de l'Amérique, des références au traitement passé des peuples autochtones, des textes sur Dieu, la guerre et la paix, et, en toute logique avec le Bushido, des mots à propos de la vie et de la mort.

En colère, Xavier Caféïne? Rencontré quelques heures avant le lancement de son album dans les loges du Cabaret Juste pour rire, le chanteur hésite. Oui et non. Vêtu d'un t-shirt imprimé d'un dessin asiatique sous un veston de cuir à l'effigie du groupe Neu!, Xavier se gratte la tête un brin. «J'appelle ça une colère joyeuse, une colère spirituelle, une colère à la verticale, où je vise vers le haut, vers le lumineux, précise-t-il, philosophe. C'est une montée de lait, mais positive. J'aime l'humain, dans sa beauté et dans ses défauts, dans sa fragilité aussi.»

Homme à tout faire
Comme pour l'album Gisèle, qui l'a révélé au grand public, le musicien dans la jeune trentaine a joué presque tous les instruments sur Bushido, ne laissant que quelques séquences pour Joseph Donovan, qui a coréalisé le disque avec Adrian Popovich. «Ils ont été très importants, parce que quand tu joues de tout, de la batterie, de la guitare, des claviers, tu as un peu tendance à t'épuiser, et à te contenter de moins pour en finir au plus vite!»

Grand frère musical de son prédécesseur, Bushido reste dans le même esprit mélodique punk, mais avec une touche différente dans le son. «J'ai ouvert la musique un peu, je l'ouvre un peu plus chaque fois; partir d'un endroit et la transporter à un autre.» La ligne de guitare plus new wave sur Vive la mort, les notes de claviers aux sonorités orientales sur Les Bons et les Méchants et Le Voyage dans le temps, par exemple.

Caféïne s'est même amusé à reprendre Viva, un morceau trilingue du groupe allemand La Düsseldorf écrit par Klaus Dinger. La pièce, qui rappelle l'introduction et la conclusion de son album Gisèle, termine ce plus récent disque sur une note d'optimisme, célébrant la Terre, la vie, l'amour et les enfants. Tout le contraire de la mort, quoi.

***
Écoutez l'album en ligne au www.xaviercafeine.com.