mercredi, novembre 11, 2009

Geneviève Toupin, à petits pas vers la lumière




Geneviève Toupin n'est pas vraiment une nouvelle venue sur la planète folk, elle qui roule sa bosse d'auteure-compositrice-interprète depuis 2000, d'abord dans son Manitoba natal, puis à Montréal depuis près de cinq ans. Moi je l'ai vu pour la première fois au FME cette année. Talent encore méconnu du grand public malgré les nombreux concours et événements auxquels elle a participé, la chanteuse a pris tout son temps avant de lancer son premier album, éclairé d'une douce lumière. L'attente en valait le coup.

Et elle est rayonnante de bonheur, Geneviève Toupin, même à travers le combiné. Heureuse comme tout que son album soit dans les bacs des disquaires, enfin. Mais la durée du processus est un peu, beaucoup de sa faute, il faut dire. La pianiste et guitariste a voulu faire les choses à son rythme, à petits pas, comme elle chante. «J'avance à petits pas / sans boussole et sans passe-droits / j'apprends un peu trop lentement, je trouve parfois / mais j'avance, j'avance même en faisant des petits pas.»

Une inquiète dans l'âme, donc, mais qui ne voulait pas forcer les choses. «Je voulais tellement passer à la prochaine étape, mais je n'étais pas prête, raconte Toupin avec un tout petit accent manitobain, si une telle chose existe. J'étais impatiente, mais y'a certaines choses que tu ne peux pas forcer, comme rencontrer le bon réalisateur, choisir le bon studio, sentir qu'on a composé assez de chansons. Il fallait juste laisser du temps.»

Le temps, justement, est la colonne vertébrale de ce premier disque portant le nom de la chanteuse de 29 ans. Le temps qui passe, l'attente, les saisons, le passé. Et le temps et l'espace sont intimement liés. «Je suis consciente du temps qui passe, je suis loin de ma famille. J'ai deux petits frères à la maison, que j'ai pas beaucoup eu la chance de voir grandir, je les vois deux fois par année. J'ai ça en moi, le temps, qu'on voit différemment quand on est loin des gens qu'on aime... I guess que ça m'inspire!»

L'album de Toupin nous plonge dans un univers folk enrobant, où la guitare et le piano se disputent la couronne, même si c'est vraiment la voix qui est en tout premier plan. Entre balades plus douces et promenades presque country, la fan de Gillian Welch, de Radiohead et de Neil Young -- en solo, précise-t-elle -- a créé un univers confortable, un brin mélancolique.

La chanteuse de Saint-Claude, au sud-ouest du Manitoba, s'est entourée de musiciens de talent, dont Damien Robitaille, Antoine Gratton, Charles Papasoff ainsi qu'Olaf Gundel et Erik West-Millette, qu'on a vus et entendus avec Thomas Hellman. Pour réaliser l'album, Toupin s'est associée à Benoit Morier, un ami des Plaines maintenant installé à Montréal, qui a entre autres bricolé le dernier disque de Chic Gamine. «On a les mêmes références musicales, et culturelles aussi, parce qu'on vient de la même région. Alors, on avait un vocabulaire en commun.»

Mais il faut le dire clairement, ce disque n'est pas une carte postale. Pas de champs de blé, pas de références locales. «Ce n'est pas un album franco-manitobain, parce que ça ne sonne vraiment pas comme les albums qui sont faits là-bas, assure Toupin. Mais ça n'a pas un son de Montréal non plus. On n'est pas juste d'où on vient, right? On est aussi ce qu'on vit.»

-- Aujourd'hui au Bistro In Vivo, à 13h30
-- Ce soir au Cabaret Juste pour rire, en première partie de Luc de Larochelière, 20h
-- Au Club Soda, en première partie d'Antoine Gratton, demain, à 20h