dimanche, mars 14, 2010

Entrevue: Tricot Machine - Après l'ouragan







«J'étais un grand coup de vent / j'étais un accident / je t'attendrai maintenant / tout au bout du deuxième rang.» Ce sont ces mots en forme d'invitation qui résonnent dès la première pièce du nouveau disque de Tricot Machine, le bien nommé La Prochaine Étape, qui se veut à la fois un album de transition et sur la transition.

Catherine Leduc et Matthieu Beaumont en savent un brin sur les bouleversements de la vie. Il y a trois ans, le biologiste et la couturière sont passés en quelques semaines de l'anonymat complet jusqu'aux feux de la rampe, et ce, grâce à un premier album un peu naïf où palpitaient des histoires d'amour sur fond d'hiver québécois. Après une pause d'un an, plus de 250 concerts, 39 000 disques vendus et le Félix de la révélation de l'année 2007, le toujours très humble duo Tricot Machine s'est inspiré de sa propre «tempête» pour passer à La Prochaine Étape.

«C'est un album qui parle d'une période de transition, il a été écrit entre un ouragan et le néant qu'il y avait en avant de nous, raconte la bavarde Catherine. Ç'a inspiré beaucoup de choses sur le disque; pas tout, mais y'a pas mal de chansons qui font référence à cette situation-là, où on est bien, mais où on est anxieux et on ne sait pas ce qui nous attend.»

Un peu partout dans la pochette à bricoler de La Prochaine Étape, on peut lire les références à leur parcours personnel et professionnel, aux airs et aux chansons, à une certaine perte de contrôle et à la volonté de remettre le grappin dessus. C'est l'album d'un groupe qui change, d'un couple qui avance, de deux humains qui vivent des changements. «Il peut s'appliquer à d'autres aussi, parce que tout le monde vit des périodes de transition ou d'insécurité, explique Catherine. Je pense aux gens de notre génération qui vont changer de métiers plusieurs fois, qui vont se poser mille questions.»

Toujours réalisé par David Brunet, ce second disque n'est pas une révolution musicale pour le groupe, dont on reconnaît la signature malgré des arrangements plus amples de nouvelles sonorités. Le duo a osé des choeurs, des cordes, du mélodica, de l'harmonica et de l'orgue. Le frère de Matthieu, Daniel, compose encore plusieurs textes et on note aussi la présence d'une chanson de Stéphane Lafleur, du groupe Avec pas d'casque. «L'album est aussi moins concret que le premier; il raconte plus des états que des histoires concrètes avec un punch à la fin», constate la chanteuse. Exit, aussi, les mitaines, la neige, les boutons à quatre trous, qui cèdent leur place au bois et aux allumettes, question de survie, peut-être.


Faire à sa tête
«En tout cas, il y avait tout le temps l'idée de ne pas faire ce qu'on pensait qu'on voulait qu'on fasse, lance Catherine, philosophe. Il y avait la volonté de se sentir bien dans tout et de ne rien faire contre notre gré. De le faire à notre manière, et pour le simple plaisir.»

Quand on lui parle de ceux qui froncent les sourcils au simple nom de son groupe, on imagine la chanteuse lever les yeux au ciel de son côté du combiné. «Ben oui, mais c'est de même avec n'importe qui. As-tu déjà vu quelqu'un que tout le monde aime? Je ne voudrais pas être dans ses culottes! Et nous, on est devenus l'emblème de la polarité, se désole Catherine sans colère. En même temps, on a aussi une certaine personnalité, on n'est pas conformes aux règles, on ne chante pas avec un accent vraiment travaillé, on parle comme on parle, on n'est pas des mannequins... On est comme on est, et on fait à notre tête!»


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Tricot Machine: La Prochaine Étape sera en magasin le 16 mars