samedi, avril 15, 2006

Karlof - la critique

Motadine
Karlof Galovsky, L-A be - Select
Si, au fil des années, Karlof nous a habitués à un personnage flamboyant, dérangeant et absurde, on se rend compte que ses chansons rock sont de plus en plus faciles à apprécier pour le commun des mortels. Son dernier disque, Motadine, est plus soigné que jamais d'un point de vue musical. De son propre aveu, il a passé beaucoup de temps devant la console avec son p'tit joint pour faire et refaire les arrangements sonores. Comme sur Fuzzy Trash Pop, le poète maudit est accompagné de sa blonde Annie Chartrand, qui a même écrit la chanson Les DJ's. Espèce de Daniel Boucher du côté obscur, Galovsky livre sur Motadine une série de petits portraits: celui de Daniel, le quêteux; celui de Skyzoni, du ghetto du Nord; celui de Monica («Elle a les cheveux rasés pis y a personne qui vient la faire chier»). Il parle aussi des filles (Faire l'amour à un étranger, Capharnaüm) et du show-business (Une Chanson, Maison), deux de ses sujets de prédilection. Mais nos deux pièces préférées sont sans aucun doute Illuminati et Maladie mentale, des délires musicaux où on a l'impression d'accéder à l'essence même de la folie de Karlof. «J'ai ma surface, mon abysse, je vis ma crise dans un précipice» (Maladie mentale). On l'aime fou, pas doux.
Philippe Papineau

Paru dans Le Devoir du 14 avril 2006.