dimanche, avril 09, 2006

Les 1000 projets de Sunny Duval

François Duval, alias Sunny, gratte sa six-cordes depuis une quinzaine d'années déjà, sur les planches plus ou moins éclairées de la province. Le membre en règle des Breastfeeders sera sur la scène du Petit Campus lundi soir pour défendre son disque solo, intitulé Achigan. C'était l'occasion rêvée pour Le Devoir de piquer une jasette avec lui, question de faire le point sur les 1000 projets du p'tit bum au grand coeur.

À voir sa feuille de route, on se dit que le bonhomme ne doit pas tenir en place sur une chaise: membre de Féroce Feta de 1991 à 2000, fondateur de Sunny Deloop et tatoué Breastfeeders depuis 1999, sans compter son album solo, paru l'an dernier. C'est pourtant un trentenaire bien tranquille et bien humble, au sourire malicieux, qui raconte la genèse de sa passion pour la musique. «Quand j'étais petit, il y avait une guitare classique jaune orange chez ma mère. J'avais appris par moi-même le solo de We're Not Gonna Take It des Twisted Sisters, rigole Sunny Duval. Un peu plus tard, j'ai commencé à jouer de la guitare électrique.» Il n'a jamais vraiment laissé tomber cet instrument, sauf peut-être pour le crayon. «Écrire, pour moi, c'est du plaisir, ce n'est pas quelque chose qui demande un effort.»

Mais avec les Breastfeeders, ce sont Luc Brien et Johnny Maldoror qui écrivent les paroles. Duval a donc eu envie de se payer la traite avec Achigan, un album écrit par lui, joué presque uniquement par lui, qu'il enregistrait la nuit dans son local de répétitions. «Je ne suis pas un gosseux, explique le natif de Trois-Rivières. Je refais les prises jusqu'à temps que ça soit correct, mais il ne faut pas que ça prenne trop de temps. Je ne suis vraiment pas perfectionniste. J'aime mieux la scène, c'est là que tu peux te lâcher lousse!»

Sur celle du Petit Campus, François Duval sera accompagné de deux ex-Secrétaires volantes, Gourmet Délice et Cocktail, et de Lydia Champagne. «Les pièces sont vraiment ouvertes, je laisse beaucoup de place à l'improvisation. L'imprévu, c'est ça qui est le fun, assure Sunny. Il y a aussi les problèmes techniques, ça ajoute du piquant. On utilise toujours des vieilles guitares, des vieux amplis. Ça sonne peut-être bizarre, mais c'est des instruments qui ont leur propre personnalité. Des fois, il y a des guitares qui ont des problèmes intermittents, qui ont leur caractère... C'est toutes des vieilles bonnes femmes, ces guitares-là!»

Boulot, studio, Francos
Les projets sont nombreux ces jours-ci pour François Duval. À temps perdu, il répète avec son groupe de musique hawaïenne, le Maï Taï Orchestra. Il réalise aussi, les soirs tranquilles, le vidéoclip de sa pièce Boo-Hoo!, pour lequel il a déjà tourné les images. Et il a en tête de trouver une maison d'édition qui voudra bien publier ses chroniques à La Presse, accompagnées de photos de son cru, accumulées au fil des excursions montréalaises. Mais c'est l'enregistrement du deuxième album des Breastfeeders qui occupe son temps ces jours-ci. Le groupe complète sa deuxième session dans le très convivial studio Beat Box, qui appartient au copain Ryan Battistuzzi. «Ça va être un album de rock'n'roll, moins rétro, plus garage que Déjeuner sur l'herbe. Y aura pas 40 pistes de guitare comme le disque de Malajube!, rigole Sunny. Ça va nous représenter plus comme on est en ce moment.»

Ce virage vers un rock plus sale provient peut-être de l'influence de Fred Fortin, le nouveau batteur «temporaire» de la formation. «Il devrait être là pour la plupart de nos shows, explique Sunny, visiblement heureux de pouvoir le compter parmi les siens. Il a passé son trip prog. Là, il veut faire quelque chose de plus "up tempo". On pense qu'il va être assez occupé avec le dernier disque de Galaxie 500 [qui sortira le 25 avril], mais il va essayer d'être souvent avec nous cet été.»

La saison chaude amènera de belles récoltes pour Sunny Duval. Comme on l'apprenait plus tôt cette semaine, il sera en salle avec les Breastfeeders aux FrancoFolies de Montréal, «le premier spectacle officiel de notre été pour le nouveau disque». Mais il pourra également livrer son Achigan en solo sur une scène extérieure lors des mêmes FrancoFolies et aussi dans le cadre du Festival d'été de Québec, en juillet. «J'imagine que ça débloque.» Humble, on vous disait...

Philippe Papineau
Publié dans Le Devoir du 7 avril