dimanche, avril 09, 2006

Philippe B au Lion d'Or - Voyage en première classe

Armé des chansons de son premier album éponyme, Philippe B était de passage hier sur la scène du Lion d'Or pour son «premier vrai show de luxe à Montréal» sans son groupe Gwenwed ou son acolyte Pierre Lapointe, pour qui il joue les guitares. Flanqué de Philippe Brault à la contrebasse et de Josianne Hébert à l'accordéon -- eux aussi des copains musicaux du Lapointe de l'heure --, Mr. B nous a payé un voyage en première classe.

La promenade a d'abord débuté avec le franchement sympathique Dany Placard, qui lui a plus tendance à voyager en pick-up qu'en Boeing. Malgré la nervosité apparente du natif de La Terrière, Placard, armé d'une seule guitare électrique, nous a tout de même donné le frisson quelques fois, entre autres avec sa pièce Adieu Anna, chantée à travers un étrange micro bricolé avec un vieux combiné de téléphone. Des émotions rudes, sans dentelles, mais vraies.

Puis arriva le principal attendu, presque sans bagages. Que ses musiciens -- qui souvent l'abandonnait sans cruauté à la foule -- et un beat box qui battait la mesure de temps en temps.
Philippe B nous a fait décoller doucement en direction de Philadelphie, à travers cette «complainte nord-américaine» splendidement rendue. Le temps d'une gorgée d'eau, nous étions dans un recoin sombre des États-Unis, dans un bar enfumé, un whisky à la main, pour un «jam» sur une pièce du bon vieux Tom Waits, Fumblin' With The Blues. Tant qu'à voyager dans le répertoire des autres, le chanteur affublé de ses lunettes noires au look un peu intello, a également plongé dans celui de Daniel Lanois, interprétant Jolie Louise.

Le spectacle allait bon train, passant dans le coin de Rouyn pour quelques souvenirs d'enfance en fingerpicking, puis sous une pluie d'accords plaqués dans Le Déluge, probablement la pièce la plus rock de son répertoire en solitaire. Mais avant la fin du périple, nous avons dû tirer la manette du siège éjectable. Tout juste le temps d'entendre Mécontenté et de chanter les «pa-pa-pa-pa» comme si c'était la dernière fois. Heureusement, le parachute s'est ouvert. Mais on serait mort heureux.

Philippe Papineau
Publié dans Le Devoir du 6 avril 2006.