dimanche, mai 28, 2006

Éditorial - Pour qui écrit-on?

En m'amusant à "googler" mon nom (vous l'avez tous fait un jour), je suis tombé sur le site hhfranco.com, où un éditorial de Simon Dor, alias Katana, a été fait en se basant sur une de mes critiques, celle du groupe rap Les 2 Tom. D'abord étonné, puis un peu marabout, ce texte m'a surtout poussé à la réflexion.

Je vous invite à lire le tout ici.

L'auteur questionne les prémices de la critique, soit que j'avoue d'emblée ne pas trouver "souvent (mon) compte avec le hip-hop d'ici : trop de clichés de mauvais garçons de la rue ou, à l'inverse, de gentils rimeurs à l'accent étrangement français".

La division proposée des artistes hip-hop est réductrice, je l'admets, bien que plusieurs des disques que j'ai récemment reçus au journal (Peezee, Snagga Shee) se rapprochent fortement de la première catégorie. J'ai l'impression qu'un public néophyte peut trouver dans cette séparation une certaine résonnance. Dans notre cas, celui du Devoir, les statistiques nous montrent que le lecteur est en bonne partie âgé, aisé, loin du monde hip-hop. Bref, ce que j'énonce "d'emblée" est peut-être pour Katana -- certainement un plus grand amateur de hip-hop que moi -- issu d'une autre époque et déplorable, mais c'est encore la perception qu'en ont plusieurs.

Ce qui nous ramène à l'éditorial:

Il est clair que ce chroniqueur du Devoir a un public cible limité pour lancer de telles affirmations sans exemple. On dirait presque qu'il tente de rallier ceux qui avaient déjà ce genre de classement en tête de son côté pour qu'ils suivent son point de vue. Quoiqu'il en soit, son article vise nécessairement un public externe aux amateurs de rap québécois, ceux qui ont pourtant le plus de chances d'acheter cet album.
Ce que Katana semble critiquer me semble justement la "force" de cette critique: tenter de faire découvrir un album de rap bien foutu à des gens qui, en temps normal, ne s'y serait jamais attardé. Aux plus vieux dont on parlait tantôt, mais aussi aux plus jeunes, souvent universitaires, qui lisent aussi mon journal. Ce que je dis, c'est : "T'as de la difficulté comme moi à trouver ton compte dans le hip-hop? Attends, j'ai découvert un bon disque, je t'en parle, je pense que tu pourrais aimer ça."

En fait, cet éditorial me force à me poser une question: Pour qui écrit-on?
Pour le fan de hip-hop, pour la madame de la rue Panet, pour l'amateur de musique, pour le lecteur de notre journal, de notre publication? Pour soi?

Qu'en pensez-vous, amis lecteurs?