(Désolé, les photos ça marche pas aujourd'hui, Blogspot fait des siennes...)
Des groupes aussi authentiques et aussi épris de liberté que Les Ogres de Barback, on peut les compter sur les doigts d'une seule main. D'un bout à l'autre de leur démarche, tout s'emboîte, tout se relie, s'explique. Amoureuse du voyage et des rencontres qui s'ensuivent, la formation, totalement autonome, lance depuis une douzaine d'années des albums à une vitesse folle pour pouvoir partir en tournée. Les Français, qui nous offraient leur neuvième album Avril et vous cette semaine, seront justement des FrancoFolies ce soir à la Place des Arts.
La raison à la base de cette unité d'esprit se trouve peut-être dans la composition même du groupe : ses quatre membres sont issus de la même famille. En fait, Mathilde et Alice sont jumelles, et Sam et Fred sont leurs frères. La chamaille ne semblait pas être le quotidien du logis, et la musique, loin d'être un sujet de dispute. «Chez nous, il y avait toujours des instruments, toujours des disques qui jouaient, raconte le chanteur du groupe, Fred, au bout du fil. Et tous les quatre, on avait commencé à jouer à la maison. L'avantage, c'est qu'on a écouté les mêmes choses, alors on a les mêmes goûts, on aime les mêmes arrangements, c'est assez pratique !»
Par la force des choses, le quatuor familial en est devenu un musical, non plus relié par leur patronyme, Burguière, mais par leur nom de groupe, sorte de distorsion entre l'orgue de Barbarie et le mot «barbaque», «de la viande bon marché, en argot», précise Fred. «Avec ce nom-là, on voulait se rapprocher de la chanson que les gens jouent dans la rue. Aussi, comme on ne ressemble pas vraiment à des ogres, le décalage est plutôt marrant !»
Gens du voyage
Les premières influences des Ogres sont celles des grands de la chanson française. Les Brel, Ferré, Brassens et compagnie. Ceux que leurs parents écoutaient et qu'eux «connaissaient un peu par coeur», dit Fred, qui a lancé récemment un disque solo où il chante Renaud. Puis vinrent les années 80. «On a écouté tout le mouvement alternatif de l'époque, Les Négresses vertes, La Mano Negra, les VRP, Béruriers noirs.» Enfin, à la clé des Ogres se trouve l'univers des tsiganes. «On est des amateurs de musique traditionnelle tsigane, on est vraiment attirés par ces gens-là, confie Fred. On est des fans du voyage, de la rencontre. On préfère même ce qu'il y a autour du concert que le concert lui-même. Les déplacements avant et après, la rencontre avec les organisateurs, les autres groupes, le public... »
Et ce ne sont pas que des mots en l'air. La fratrie est même déjà partie pendant presque deux ans en tournée sous un chapiteau, baptisé Latcho Drom (la bonne route), avec la formation Les Hurlements d'Léo. «On s'est promenés dans toute l'Europe de l'Est, en France, en Allemagne, en Roumanie. C'était une grosse aventure, raconte Fred, la tête visiblement encore pleine de souvenirs. C'était organisé, il y avait des demandes d'autorisation à chaque concert, mais il y a eu pas mal de fois où les gens étaient programmés l'après-midi pour le soir même !»
Une telle aventure n'aurait probablement pas été possible si Les Ogres de Barback n'étaient pas leurs propres patrons. «Comme on est complètement indépendants, autoproduits, autodistribués, auto tout, on peut faire ce qu'on veut, explique le chanteur. Par exemple, on a fait deux disques live, deux DVD, et même un disque pour enfants. Et comme on n'enregistre pas nécessairement dans un studio, on peut carrément partir avec un ordinateur et un micro pour aller enregistrer avec qui on veut.»
Sur la scène du Théâtre Maisonneuve, ce soir, on doit s'attendre à un spectacle à grand déploiement. «Il y aura énormément de bazar, il y a plein d'instruments, des guitares, des cuivres, des accordéons, une trentaine en tout», explique Fred. Il faut dire que, chez Les Ogres, tout le monde joue de tout, avec talent en plus. «C'est la première fois qu'on met autant de temps pour faire la mise en scène d'un de nos spectacles, pour répéter. Ça va être gros !»
Les Ogres de Barback, ce soir au Théâtre Maisonneuve de la PdA à 20h.
Texte de Philippe Papineau publié dans Le Devoir du 10 juin 2006