Les Trois Accords
Indica - Phonoscope
Philippe Papineau
L'erreur à ne pas faire avec Grand champion international de course, le nouvel album des Trois Accords, c'est de s'attendre à ressentir la même surprise, le même ébahissement, que lors de la découverte d'Hawaiienne, de Saskatchewan et de Vraiment beau, du Gros mammouth album turbo. Vous risqueriez d'être déçu, car ce nouveau disque, au fond, est aussi bon que le premier, étonnement en moins.
Les cinq musiciens livrent donc 15 pièces accrocheuses aux mélodies assassines qui vous poursuivent contre votre gré pendant des jours, au repos, au travail et même pendant les loisirs. Le journaliste a même été sauvagement attaqué par Pièce de viande qui, au moment d'écrire ces lignes, ravage encore des synapses soumis à une semaine d'écoute. Je vous le dis, j'en ai encore l'hypothalamus tout bouleversé.
Pour entrer dans la danse, vous aurez probablement besoin d'une semaine vous aussi afin de ruminer un peu plus ces nouvelles paroles, peut-être un peu moins narratives que sur Gros mammouth. «Et quand Jean n'est pas content, ça se sent, ça se sent / Pourtant, Jean connaît des gens qui s'appellent Jean / J'en connais des Jean, connaît des Jean / Qui s'appellent Jean connaît des... » (Jean). Voyez? Ajoutez à ça des guitares franchement améliorées, une batterie plus présente et la voix si particulière de Simon Proulx, et voilà une autre journée ruinée par une simple rengaine pernicieuse.
Le tout reste ancré dans le rock (Gratte-moi, Bing Bing, Grand champion) et dans le country (Saint-Cyrille-de-Wendover, M'as-tu dit), offrant même quelques ballades, dont la tristounette Ton avion - qui évoque Loin d'ici prise 2 - ainsi que Tu, aux allures psychédéliques avec ses guitares électriques jouées à l'envers.
On doute franchement que Grand champion international de course puisse faire changer d'avis les détracteurs des Trois Accords, qui y trouveront les mêmes arguments défavorables, mais on est convaincu que ce deuxième album musicalement plus intéressant saura rassasier les nombreux amateurs de la formation de Drummondville. Quant à nous, quelque part entre les deux, on se promet une quarantaine bien méritée afin de faire le vide et d'enfin passer à autre chose.
Paru dans Le Devoir du 1er septembre 2006
jeudi, septembre 07, 2006
Critique - Les Trois accords
Publié par Philippe Papineau à 11:32 a.m.