lundi, février 12, 2007

Fred Fortin: un show pour payer son muffler

Hier soir, rue Prince-Arthur, faisait froid. Debout dans la file d'attente, j'espérais que cette soirée serait folle, et ça réchauffait un peu mes orteils dans mes pas de bottes.
Hier soir, je faisais la queue avec une bande de chanceux qui avait gagné des billets pour aller voir Fred Fortin au Petit Café Campus dans le cadre du 40e anniversaire de l'institution. Du Fred gratuit, ça vaut son pesant d'or, non? Fallait juste être un peu chanceux.

Juste avant que mes orteils ne se sauvent chez moi pour de bon, la file pu s'engloutir dans la petite salle rénovée. Je n'y étais pas retourné depuis, et j'avoue que c'est pas mal du tout, et je crois qu'il y rentre un peu plus de monde en plus.

Fred Fortin se produisait pour l'occasion en trio, chose plutôt rare pour lui, me semble-t-il. Aux côtés du bassiste, le particulièrement souriant Olivier Langevin manipulait sa guitare avec enthousiasme, célérité et justesse, et le batteur Alain Bergé frappait lourdement sur les peaux tendus et les ronds de métal. Guit, basse, drum, ce soir n'en sera pas un de dentelle, me dis-je.

Et ben disons que si la soirée a effectivement été assez heavy, avec plusieurs morceaux de Gros Mené au menu, les trois musiciens ont aussi réussi à rendre avec finesse les pièces plus élaborées, comme Scotch, jouée d'entrée de jeu, et Chateaubriand.

Durant la première partie de la soirée, Fortin a mis l'accent sur des pièces plus "récentes". En plus des deux mentionnées plus haut, il a joué Bandé dedans mon lit, du Plancher des vaches, et Conconne, Dérape, Ti-Chien aveugle et Lucia, toutes tirées de Planter le décor. En début de concert, la foule réagissait peu pendant les chansons, et Fred n'a pas manqué de leur rappeler, lançant un "À soir ça sera pas ben long, faque profitez-en tu-suite" ou quelque chose du genre. Plus tard, il nous a aussi remémorer qu'on pouvait pas trop chialer "parce qu'y'en a pas un qui a payé son ticket à soir!"
La deuxième partie n'a pas laissé le choix à la foule de brasser pas mal plus. Le trio a ressorti des boules à mites un série de titres de Tue ce drum Pierre Bouchard, de Gros Mené. Difficiles de les reconnaître toutes, et elles étaient souvent précédées de longues et ingénieuses intro qui brouillaient les pistes, mais de mémoire de Franco Phil, ils ont joué Ski-doo, Marcel, Maman chérie, Garage, et une Panache très réussie. Avec ce mur de hertz qui nous rentrait dedans, pas difficile de grouiller et de vibrer avec la musique. Tout le "parterre" battait simultanément la mesure à coup de hochement de tête.
Au retour du rappel, Fred a raconté que des p'tits bums de Verdun ont piqué son catalyseur et son silencieux sur son camion (où quelque chose du genre, je roule à vélo). "Faque à soir, c'est le show pour payer mon muffler"!! Et la bande d'enfiler avec Embarque dans mon char. Ramenée par la foule pour un deuxième rappel, la formation réduite a décidé de faire des reprises, en anglais(!), dont une pièce de Chuck Berry, qui se mariait à merveille avec le style très blues du jeu de guitare d'Olivier Langevin.

Les lumières se sont allumées, les oreilles saignaient, et moi je me trouvais pas mal chanceux d'avoir pu voir ce power-trio à l'oeuvre, dans cette salle déjà quarantenaire. Merci au Café Campus.

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Entendu: une fille qui venait d'acheter Planter le décor pour 15 petits dollars dire : "Ma soeur l'a déjà, mais c'est pas le genre d'affaires que je copie". Dans tes dents Mononc' !