mercredi, février 21, 2007

Lu ce matin: Disques - La SOPREF en difficulté

Un article de Frédérique Doyon, paru dans l'édition du mercredi 21 février 2007 du Devoir. La photo est celle de Martine Groulx, de la SOPREF.

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La crise qui affecte l'industrie du disque se répercute sur les joueurs les plus vulnérables, qui sont pourtant sur la ligne de front du milieu. La SOPREF (Société pour la promotion de la relève musicale de l'espace francophone) n'arrive pas à éponger une dette de 150 000 $ accumulée par son service de distribution de disques, LOCAL Distribution. Celui-ci risque de fermer, ce qui nuirait considérablement à la scène musicale indépendante.
"Si on ferme, l'effet boule de neige sera désastreux, indique la directrice générale de l'organisme, Martine Groulx. En ce moment, on ne peut pas rembourser les artistes pour leurs ventes, ceux-ci vont perdre l'argent qu'ils recevaient de Musicaction parce qu'ils ne seront plus distribués par un distributeur reconnu. En plus, ça va être un coup dur pour les magasins qui dépendent de notre catalogue.»

La dette de la SOPREF résulte de deux facteurs. D'une part, Local Distribution, ouvert en 2001, ne bénéficie plus de soutien public depuis 2005, date de la fin du programme d'aide de la Corporation de développement économique et communautaire Centre-Sud/Plateau Mont-Royal.

D'autre part, l'organisme subit les contrecoups du déclin des ventes de disques chez les grands disquaires, qui ont commencé à retourner les disques non vendus depuis plus d'un an, une pratique qui n'avait pas cours auparavant. Or la SOPREF avait déjà versé le fruit des ventes -- qu'elle considérait conclues -- aux artistes, qui n'ont pas les reins assez solides pour rembourser ces sommes. Les rentrées actuelles servent donc à combler ce trou et ne bénéficient plus aux artistes.

Par ailleurs, la SOPREF affiche des résultats intérimaires positifs et a complété sa restructuration pour s'adapter aux nouvelles réalités du marché. Elle a créé Local numérique, qui permet d'acheter sa musique en ligne via iTunes, Napster, etc. Elle a aussi ajouté une clause de départ aux contrats des artistes qui, à l'instar des Trois Accords, de Dobacaracol ou de Malajube, sont parfois récupérés rapidement -- ainsi que les profits qu'ils génèrent -- par les maisons de disques.

«Local est un tremplin pour les artistes de demain, dit Mme Groulx. Culturellement, nous nous devons de permettre à ces artistes d'avoir accès à cette visibilité. Nous devons aussi à la population une diversité musicale qui sort du Top 40 américain.»

L'organisme attend incessamment une réponse à la demande d'aide ponctuelle de 150 000 $ qu'il a faite au ministère de la Culture et des Communications.