Ce soir, au Téléjournal de Radio-Canada, le chroniqueur culturel Claude Deschênes rencontrait le sirupeux crooner canadien Michael Buble, qui a vendu 220 000 exemplaires de son dernier disque en une semaine, et 11 millions de disques en tout (dans tes dents Grégory).
Pendant la discussion, Buble (dire Boblé avec un accent de Vancouver) lance cette phrase: "Comme consommateur, je ne veux plus acheter un CD à 18 $ pour une seule chanson. Ça me choque vraiment. (It pisses me off) C'est trop d'argent pour une seule chanson que tu aimes plus que les autres." La traduction est de Radio-Canada, mais écoutez par vous même vers les 4 min 30 du clip de Radio-Canada, le ton diffère un peu.
Deux commentaires personnels là-dessus.
-- La logique du single, du simple en français, ça ne me plaît pas vraiment. Les radios carburent aux simples, aux pièces accrocheuses compressées et sans trop de basses. Mais c'est extrêmement limitant pour les musiciens, et c'est prendre les auditeurs pour des paresseux, même si ça arrive parfois. Je crois que ça arriverait moins souvent si on prenait la peine d'exposer "la masse" à un peu d'audace. On a du chemin à faire. D'où CIBL, CISM, CHOQ et cie.
Voici un extrait d'En avant la zizique (...et par ici les gros sous), une essai grinçant mais juste sur la chanson proposé par nul autre que Boris Vian. C'est écrit en 1966.
"Il est fini le temps des complaintes en trente-deux couplets. Les 2 minutes 30 du 78 tours ont accoutumé le public à une dose précise ; et l'Amérique, qui nous précède souvent dans le lancement des modes commerciales, en est déjà à la chanson d'une minute et demie à deux minutes."
Sans demander aux artistes des chansons à la Thick as a Brick, les supports d'aujourd'hui permettent de s'éclater au delà des 2 m 30 dont parle Vian. Éclatons-nous.
-- Buble semble dire que les artistes se forcent pas assez et que les disques ne sont pas assez bons. Je note surtout que plusieurs disques sont beaucoup trop chers en magasins. Entre l'artiste qui se fait environ 7 ou 8 dollars par disque et le client qui le paie 18 $, sinon beaucoup plus pour les disques en petites quantités, y'a un magasin et un distributeur qui s'en mettent plein les poches. On devrait peut-être vendre plus cher les disques des artistes qui en vendent plus, et moins cher les disques de ceux qui en vendent moins. Serait-ce une solution valable? Qu'en pensez-vous?