lundi, août 06, 2007

Bilan des FrancoFolies

C'est l'heure des bilans, déjà. Déjà car à l'heure d'écrire ces lignes, il reste encore quelques spectacles attrayants à ces 19es FrancoFolies. Juliette Gréco, Yann Perreau, Urbain Desbois, Les Breastfeeders et Galaxie 500, Karkwa «Sons et images», on les manquera, car hors de la ville. Tout de même, la matière n'a pas manqué les huit premiers soirs. Qu'ils aient présenté leur spectacle en salle ou sur les scènes extérieures, plusieurs groupes et artistes méritent qu'on s'y attarde.
Le plus attendu d'entre tous était Abd al Malik. Ce Français, qui mélange savamment rap, jazz et chanson, était précédé d'une rumeur plus que positive. Son Gibraltar est bien ficelé, et en entrevue au Devoir, le jeune trentenaire a brillé par son propos clair, cohérent et sophistiqué. Sur la scène du Spectrum, c'était magique, hypnotisant, intelligent, presque touchant. «Vive le Québec, vive le Québec arc-en-ciel», a-t-il lancé ce soir-là, avant de souligner les derniers jours du Spectrum. Sage et généreux jusqu'au bout, cet Abd al Malik.


Parlant de générosité, il faut souligner à grands traits la performance remarquable de Malajube lors de leur concert acoustique. Les cinq rockeurs nous ont fait un gros cadeau en adaptant leurs pièces. Ils auraient pu n'en faire qu'un peu, ç'aurait passé comme une lettre à la poste. Mais ici, chacune des pièces était une nouveauté, une surprise, une découverte. Sans le courant électrique, on entendait les progressions, les mélodies, les arrangements, et tout y gagnait au change. La foule, captivée, les regardait les yeux brillants et sourire aux lèvres.

Ces mêmes yeux et ces mêmes sourires, on les a retrouvés au Cabaret Juste pour rire, quelques jours plus tard, lors du concert de Tricot Machine, le premier d'une série de quatre. Réchauffé brillamment par les sympathiques Avec pas d'casque, la foule gagnée d'avance a chaudement applaudi le couple-duo. Notre oreille -- certes déjà séduite -- a noté une amélioration de la qualité de l'ensemble par rapport à leurs précédents concerts. Voix plus justes que jamais, énergie débordante, la présence de leurs neuf musiciens semblait leur faire le plus grand bien. Quand les cuivres se sont mis de la partie, ça sautait, ça dansait, tout le monde il était content. Et nous aussi.

À l'extérieur, dans l'humidité du centre-ville, on a découvert avec plaisir le P'tit Ben, de son vrai nom Benoit Rocheleau, et on a aimé revoir Benoit Paradis. Les deux font d'ailleurs partie de la section de cuivres qui accompagnait Tricot Machine. On a aussi apprécié nos différentes promenades en pick-up sur les routes de gravelle en compagnie de Dany Placard et Carl-Éric Hudon. Notre court mais agréable bout de soirée avec Jacquemort n'est pas à négliger, d'autant plus que leurs concerts se font rares.

Dans la catégorie des couci-couça, Agnès Bihl a souffert du fait qu'elle chantait sur la grande scène, trop grande, trop haute pour sa chanson plutôt classique. Les Moquettes coquettes nous ont laissés sur notre faim, tout comme Le Husky. Quoique loin d'être déplaisante, la performance acoustique de Karkwa n'avait également pas l'ampleur espérée. Dans l'heure de spectacle entendue, heureusement que Fred Fortin est venu nous faire vibrer avec sa pièce Scotch, jouée en compagnie d'un quatuor à cordes, ainsi qu'avec une toute nouvelle composition totalement inattendue, qui nous rappelait ses premiers titres. Oh que ça promet.

Maintenant que cette douce surdose de musique francophone est terminée, il ne reste plus qu'à espérer que la curiosité du public québécois ne s'éteindra pas. Des découvertes, il s'en fait toute l'année dans les bars de la province, sur les ondes des radios les plus frondeuses, dans les sites Internet, et dans Le Devoir, tiens. Gardez l'oeil ouvert et l'oreille tendue, nous ferons de même.