Après avoir fait patienter les Montréalais pendant 15 ans, la formation Genesis effectuait hier soir son retour en sol québécois. Le groupe a parcouru l’Europe ces derniers mois avec cette tournée baptisée Turn it On Again, et a maintenant traversé l’Atlantique pour une tournée automnale en sol américain. La dernière fois que la troupe de Phil Collins — celle-là même que le chanteur-batteur a quitté en 1996 — était en ville, c’était le 29 mai 1992, au Stade olympique.
Environ 5500 jours plus tard, Genesis était donc de retour sur les lieux du crime. Toujours sans Peter Gabriel, qui a décliné l’offre. Hier, Genesis était donc composé de cinq membres: Collins, Tony Banks et Michael Rutherford, des vieux de la vieille, secondés de Chester Thomson et Daryl Stuermer. Pour l’auteur de ces lignes, c’était soirée de première, hier. Que dis-je, soirée de premières avec un «s», car il y en avait deux. C’était non seulement notre premier concert de Genesis, mais c’était notre premier concert au Stade. Bien sûr, il y a eu les nombreuses visites aux Expos, mais jamais de concert. Après toutes les histoires d’horreur entendues quant à la qualité du son, qui s’y risquerait? Et bien y’a rien comme essayer.
Et franchement, dans le gros monstre de béton rempli d’au moins 35 000 fans, ce n’était pas si mal. Certes, les coups de tambours faisaient un peu la vague dans les gradins, mais les voix et les claviers étaient très clairs. Peut-être aussi était-il facile d’être distrait par cette scène gigantesque, entourée de pylônes, de tours, d’arches, et dont l’arrière-plan est un grand écran géant ondulant comme un drapeau au vent. Paraît même qu’elle peut cracher du feu et lancer des feux d’artifices, mais bon, pas question ici de brûler la toile du Stade. Les Montréalais ne leur pardonneraient pas!
Toujours est-il que sur cette plate-forme, il y avait Genesis, plutôt statique, pas très souriant, sauf Collins, qui s’est amusé à quelques reprises à prendre la foule en photo. D’entrée de jeu, il nous a prévenus : «nous allons chanter des chansons de toutes les époques.» Sage décision, si on considère qu’il y a autant de types de fans de Genesis qu’il y a de fans de Genesis. Tout compte fait, et à notre plus grand plaisir, ce sont clairement les plus vieux titres de leur répertoire qui ont fait crier la fouler, dont un long medley entamé par In The Cage. Ils ont ressorti la guitare à deux manches et les claviers au son si particulier. Pas étonnant donc, que ce soudain nuage de fumée verdâtre...
Tout de même, le succès Land of Confusion et sa batterie dopée à l’hélium a fait son effet, comme le célèbre slow Hold on My Heart, de type «les mains sur les fesses». Pas notre tasse de thé. Puis ils sont revenus avec la très bonne, I Know What I Like (In Your Wardrobe), pendant que derrière eux, l’écran nous montrait des images des jeunes années de la formation. Nostalgie vous dites? Quoi d’autre ! Et parions même qu’un DVD pourrait arriver sur nos tablettes dans peu de temps, parfait pour Noël.
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Paru dans Le Devoir du 15 septembre. Photo Jacques Grenier Le Devoir