Depuis environ deux ans, la scène musicale du Québec voit émerger toute une série d'artistes et de groupes alternatifs qui réussissent à rivaliser avec les gros noms de l'industrie. Mais les Pierre Lapointe, Malajube, Karkwa, Patrick Watson et autres Trois Accords ne sont pas apparus par magie sur les ondes des radios commerciales et des télés musicales: ils ont plutôt fait leur pèlerinage sur les ondes des radios universitaires et communautaires et sur les étiquettes de disque indépendantes, aidés par les petits distributeurs. Pour voir venir les prochaines révélations ou simplement pour découvrir la richesse et la qualité de la musique d'ici, Le Devoir jette un regard sur deux compilations gratuites, celles de CISM et de la Société pour la promotion de la relève musicale de l'espace francophone (SOPREF).
La SOPREF, qui lance demain son septième recueil musical Québec émergent, assure qu'elle veut avant tout rejoindre les mélomanes ordinaires et non les érudits de la scène locale. «Si on fait une compilation, c'est vraiment pour que le public puisse avoir accès à ces nouvelles musiques-là, qu'il ne connaît pas encore. On la fait pour ceux qui voient des affiches dans la ville et qui sont curieux de découvrir de quoi il en retourne, pour les inciter à acheter des albums et à aller voir des concerts», explique Cynthia Bellemare, directrice des services aux membres et des communications à la SOPREF, qui a préparé cet album double.
Tirée à 3500 exemplaires, la compilation Québec émergent 2007 regroupe 46 titres d'artistes d'un peu partout dans la province, aux styles musicaux assez variés. Des noms plus connus, comme The Besnard Lakes, côtoient quelques ovnis musicaux comme Women With Kitchen Appliances ou Les Amis au Pakistan. «J'écoute énormément de musique dans une année, j'ai fait beaucoup de radio, alors j'ai l'oreille développée», assure Bellemare, qui travaille également à l'émission Baromètre, au Canal Vox. «Je me suis promenée d'un style à l'autre, un peu comme un mix de DJ, pour que tout coule et qu'on puisse écouter dans une voiture.»
La compilation sera d'ailleurs distribuée dans tous les véhicules de Communauto. Elle sera aussi disponible gratuitement chez les disquaires indépendants (Atom Heart, L'Oblique, le Marché du disque, etc.) et sera offerte avec chaque disque acheté en ligne grâce à LOCAL. «Et aux bureaux de la SOPREF, on la remet à tous ceux qui nous font un sourire!» Va pour le sourire, alors!
Le son de CISM
De son côté, la radio de l'Université de Montréal, CISM, lançait récemment la quatrième compilation de son histoire, la deuxième en deux ans. On peut gagner cette compilation de 23 titres, intitulée J'aime CISM, en appelant à la station lors du passage de certains indicatifs. «On voulait boucler la boucle entre nos auditeurs et nos artistes», explique Jules Hébert, directeur général de la station. «Pour nous, c'était important de choisir les artistes qu'on avait fait beaucoup jouer récemment et qui ne se retrouvaient pas sur des disques, comme Otarie, par exemple, ou Le Husky.»
Vrai qu'on ne trouve aucune des pièces de J'aime CISM sur un album à ce jour. On y entend quelques versions live, des versions démo ou remixées, voire simplement des titres pas encore endisqués d'artistes comme El Motor, 011, Chinatown, Jingafly, Les Temps liquides, Les Breastfeeders et Fred Fortin. «Ce n'est pas toujours facile pour les auditeurs de se les procurer, précise Martin Roussy, directeur musical de la station. Ce n'est pas tout le monde qui est internaute fini ou qui connaît même les disquaires indépendants. Avec la compilation, les gens peuvent donc maintenant avoir cette musique-là en main.»
Malgré la présence de rap et de rock, Roussy reconnaît qu'à l'inverse de Québec émergent, la compile J'aime CISM est plus linéaire, axée sur l'électro-pop. «Leur mandat est d'être varié. Nous, on n'a aucune obligation à ce chapitre-là. C'est notre son, celui que nos animateurs ont façonné, c'est le son actuel à Montréal.»
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Paru dans Le Devoir du vendredi 14 septembre 2007
samedi, septembre 15, 2007
Guides d'exploration musicale
Publié par Philippe Papineau à 12:22 p.m.
Libellés : CISM, compilations, québec émergent, SOPREF