mercredi, novembre 14, 2007

Marie-Annick Lépine au National: du bonheur à satiété

C'était soir de première, hier, pour Marie-Annick Lépine. Enfin, précisons, une première sans son groupe. C'est que la jeune femme, qui fêtait plus tôt cette semaine ses 29 ans, a déjà mis le pied sur les scènes montréalaises de nombreuses fois avec les Cowboys Fringants. Oui, c'est elle, l'accordéoniste, la petite voix féminine de ce groupe de barbus. Mais cette fois-ci, Lépine venait défendre son premier album solo, Au bout du rang, paru plus tôt cette année.

D'abord le portrait. Sur la scène du National étaient installées des caisses de bois. Sur l'une d'entre elles, une tulipe, aussi en bois, avec sa boucle de raphia. Savez, du raphia, de la petite paille, dont on se sert pour décorer son vase de pot-pourri ou pour faire déborder d'un sac de cadeaux trop grand. À côté de l'huile essentielle sur les tablettes.

Derrière, des toiles suspendues, rouges avec de petites maisons, celles-là mêmes que l'on retrouve un peu partout sur la couverture et dans le livret d'Au bout du rang. Un peu plus bas, trois fenêtres à carreaux. Ne manquait que le poêle à bois. Le décor était planté pour un concert qui baignerait dans le bonheur et la douce mélancolie.

Et c'est exactement ce que l'on a eu, de la première jusqu'à la dernière note. À satiété, dirait-on.

En première partie, la chanteuse Catherine Durand a chuchoté de sa voix douce et effacée ses chansons à la foule, accompagnée par Marie-Annick Lépine et ses musiciens, le batteur José Major, le guitariste Roger Miron et le bassiste Jérôme Dupras. Puis les rôles se sont inversés, Durand supportant Lépine, à la voix non moins effacée. Souvent, pendant la soirée, elles nous ont chuchoté ça ensemble, et c'était doux, c'était folk, avec du violon, du banjo, de la mandoline et de la guitare acoustique. Elles nous ont même offert leur version toute féminine de La tête en gigue, de Jim et Bertrand. On le répète, leurs voix, séparées ou ensemble, font du bien. Des voix de berceuses, des voix réconfortantes. Et le groupe, Roger Miron en tête avec sa guitare slide, en rajoutait une saprée belle couche.

Au noyau du concert, Lépine et sa bande ont augmenté le tempo avec Dans ma cour, Cette justice, Le coeur gai et Quand j'regarde, toutes assez dansantes.

Mais rendu à ce point du spectacle, après une dizaine de chansons aux univers nostalgiques, empreintes de souvenirs d'enfance et de couplets à la Passe-Partout, le quota de fleur bleue était atteint. Trop de raphia. Journaliste saturé. N'en jetez plus, la cour est pleine. On est capable d'en prendre, mais il était temps qu'on file, l'aiguille était dans le rouge.

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Marie-Annick Lépine sera à nouveau sur la scène du National le 16 novembre.