Une heure de jasette, et on n'en sort qu'un petit article qui compresse tout. Frustrant? Plutôt un sacré défi. Mais pour assouvir mes désirs de tout vous faire savoir, et vos désirs de tout connaître, voici les retailles de l'entrevue que m'a accordé Philippe B pour la sortie de son plus récent disque, Taxidermie. Mon bout préféré: le concept de l'harmonie des sphères.
Sur son premier album éponyme paru en 2005
Le premier album, c’était vraiment un album solo que je voulais faire. Avant j’étais dans un band, où j’étais chanteur, mais on faisait de la création collective. Sur mon premier disque, j'ai mis les chansons plus acoustiques, qui n’étaient pas dans la direction artistique du band. Après avoir appris à faire de la musique en gang, j’avais envie de mener une idée jusqu’au bout, seul, comme le ferait un peintre ou un artiste en art visuel.
Sur ses musiciens actuels sur Taxidermie
Ça serait un peu exagéré de dire que c'est mon groupe -- NDLR: Philippe Brault, Guido Del Fabro et Josianne Hébert --, mais je suis revenu à quelque chose de plus normal, de plus sain comme dynamique. J'ai fait mon trip paroles et musique au complet, mais je me suis dis je devais quand même aller chercher l’apport, le talent de d’autres gens pour bonifier le truc et avoir du feedback à mesure. Garder le focus sur ce que je voulais faire, mais écouter beaucoup.
Sur le son qu'il recherche et crée
"Pour ce qui est du type d’arrangement, c’est certain qu'Yves Desrosiers et Jean Massicotte, sont pas loin de moi. Je sais que je pourrais travailler avec eux, c’est de la prise de son assez crue. C’est beau, c’est propre, mais y’a pas d’artifice, c’est assez organique. Ils vont prendre le son tel quel, sans que ca soit low-fi."
Sur le volume faible de l'album
L’album, si on le compare à d’autres albums modernes, il est moins fort, c’est voulu. Si tu prends le boutte le plus fort sur mon disque et celui des autres, c’est le même, mais on a gardé beaucoup de dynamique. Le gars du mastering chez Hotel 2 Tango, je l’ai choisi pour ça, il est de cette école récente qui est en réaction face aux 15 dernières années de musique pop, contre le fait de tout crinquer, et de faire des wave sonores qui sont des blocs, où le boutte le moins fort et pareil comme le boutte le plus fort. Si il y a une chanson de Madonna avant la mienne à la radio, le début de ma chanson est beaucoup moins fort, même si mon refrain vient chercher le même volume. Il faut se réhabituer, parce que ce qu’on nous offre en général est plus «normalisé», et moi aussi je suis habitué à ça. Ça aurait pris une notice : attention cet album est fait pour être écouté à haut volume!
Sur la chanson l'Harmonie des sphères, symbole de sa volonté de scinder paroles et musique
L’harmonie des sphères, c’est un concept macro-cosmique, disons, un peu pompeux à la limite. Je travaillais sur l’idée de la gamme de l’harmonie des sphères, qui est très cérébrale, qui est un concept de Pythagore. La montée mélodique de la chanson, c’est la gamme que Pythagore considérait comme la mélodie de l’univers. Il disait que les planètes faisaient un son et il avait écrit une gamme étrange, qui part en mineur et qui finit chromatique, qui est conçue en fonction de la distance des planètes entre elles. J’ai ramené un petit bout de chanson pour utiliser cette idée-là, mais d’un point de vue beaucoup plus personnel, humain. Le texte parle de 2 personnes et utilise les images des "corps étrangers" comme des individus. Ça ramène la chanson à un niveau plus humain, moins théorique et moins astral.
Sur les cordes
Y a 3 chansons où je savais que j’allais utiliser des cordes, avec un orchestre en multipistes. J'avais commencé à les arranger, mais en bout de ligne, je me suis dit : "c’est Guido qui va les jouer, et des arrangements de cordes, c’est ça qu’il fait dans la vie, alors je vais lui faire faire". J'ai mis pas mal de cordes parce que j’avais les outils, et que le joueur est bon… Pour moi c’est un instrument qui est très typé, qui t’amène quelque part, qui a un pouvoir évocateur très fort, peu importe ce que tu joues. Ça amène du mélodrame dans l’affaire!
mardi, avril 08, 2008
Retailles d'entrevue - Philippe B.
Publié par Philippe Papineau à 11:17 p.m.
Libellés : Philippe B, retailles, taxidermie