Sortie de crise pour le groupe Le Nombre. Presque cinq ans et bien des montagnes russes professionnelles après la parution du mur de son qu'était leur deuxième album, Scénario catastrophe, les pionniers du rock fabriqué à Québec sortent enfin la tête de l'eau et font paraître Vile et fantastique, un album où les guitares reculent un peu et où la voix prend du galon.
Pour le quintette Le Nombre, qui compte dans ses rangs deux membres des défuntes Secrétaires volantes -- Gourmet Délice et Jean-Philippe «Dynamite» Roy -- les dernières années n'ont pas été un long fleuve tranquille. Entre autres chaos sur la route, le chanteur Ludwig Wax est parti travailler en Afrique pendant de longs mois, alors que deux autres membres ont quitté le groupe. Et même que, pour ce troisième album, enregistré au début de 2008, il a fallu attendre un an avant que les horaires des musiciens ne s'alignent pour en permettre la sortie. Dur pour le moral.
Voici que Vile et fantastique paraît et que le groupe pousse un soupir de soulagement. Peut-être affecté par le temps qui fait son oeuvre, ce disque, on le dirait plus mature. Précisons: pas que Le Nombre se fasse sage et doux. Mais à force de se faire secouer à travers une quinzaine d'années de vie de scène, leur rock légèrement sarcastique inspiré des années 1960 et 1970 s'est poli, tout comme leurs paroles, d'ailleurs.
Au bout du fil, le bassiste Gourmet Délice, aussi et surtout un des patrons de la maison de disques et producteur de spectacles Bonsound (Creature, Philippe B, Les Breastfeeders), reconnaît que Le Nombre prend une tangente plus... réaliste. «Avec Les Secrétaires volantes, Jean-Philippe avait écrit la pièce Il est onze heures moins cinq, panique dans la ville, parce que le dépanneur allait fermer. Là, il a écrit Le Feu de l'action», où on peut entendre: «Il y a du pour et du contre / Il y a des jours et des nuits / Crisse que je m'ennuie.» «Il s'est passé 15 ans entre les deux. Ça s'entend, c'est la preuve que la vie avance.»
Un peu d'air
Enregistré en partie en France, à l'invitation de l'étiquette de disques hexagonale Boxon qui y a fait paraître Scénario catastrophe, le troisième disque du Nombre est moins abrasif, même si des titres comme Je suis vide ou Couleur naturelle restent fidèles aux précédents opus.
«C'est volontaire, sans être trop planifié, explique Gourmet Délice. Il y avait un désir de ne pas produire un mur de son du début à la fin. Jean-Philippe et Ludwig tenaient à faire quelque chose de plus dynamique, de plus nuancé. Sur l'album, c'est plus espacé, il y a plus de place à la voix... Pour une fois, on ne se fera pas dire qu'on n'entend rien des paroles!»
On retrouve sur Vile et fantastique quelques choeurs féminins, les claviers d'Alex McMahon -- de passage en France avec Yann Perreau lors de l'enregistrement -- et la touche de Ramachandra Borcar, alias DJ Ram, qui s'est occupé du mixage du disque. «On aime son oreille, il a des goûts très éclectiques, du punk hardcore à la musique indienne, explique Gourmet. Ce qui est intéressant, c'est qu'on ait mis ça dans les mains de quelqu'un d'autre. On a déjà fait le mixage nous-mêmes, mais ça prend quelqu'un de l'extérieur qui écoute la chanson pour ce qu'elle est, et pas pour ce qu'elle représente pour chaque musicien. Lui, il n'en avait rien à foutre de tel ou tel solo, il voulait amener la chanson où elle devrait aller.»
Les musiciens du Nombre, qui ont la réputation d'être de véritables bêtes de scène, monteront sur les planches québécoises du Cercle le 26 mai et sur celles du Divan orange le lendemain à Montréal, avant de faire une escale torontoise à la mi-juin. «Ça fait étrange, c'est quand on a le moins de temps dans notre "carrière" que notre musique devient plus accessible. Mais si ça marche, on va prendre la route et on va faire plus de shows. Pour nous, c'est le meilleur album du Nombre.»
***
Paru dans Le Devoir du vendredi 22 mai 2009
Pour le quintette Le Nombre, qui compte dans ses rangs deux membres des défuntes Secrétaires volantes -- Gourmet Délice et Jean-Philippe «Dynamite» Roy -- les dernières années n'ont pas été un long fleuve tranquille. Entre autres chaos sur la route, le chanteur Ludwig Wax est parti travailler en Afrique pendant de longs mois, alors que deux autres membres ont quitté le groupe. Et même que, pour ce troisième album, enregistré au début de 2008, il a fallu attendre un an avant que les horaires des musiciens ne s'alignent pour en permettre la sortie. Dur pour le moral.
Voici que Vile et fantastique paraît et que le groupe pousse un soupir de soulagement. Peut-être affecté par le temps qui fait son oeuvre, ce disque, on le dirait plus mature. Précisons: pas que Le Nombre se fasse sage et doux. Mais à force de se faire secouer à travers une quinzaine d'années de vie de scène, leur rock légèrement sarcastique inspiré des années 1960 et 1970 s'est poli, tout comme leurs paroles, d'ailleurs.
Au bout du fil, le bassiste Gourmet Délice, aussi et surtout un des patrons de la maison de disques et producteur de spectacles Bonsound (Creature, Philippe B, Les Breastfeeders), reconnaît que Le Nombre prend une tangente plus... réaliste. «Avec Les Secrétaires volantes, Jean-Philippe avait écrit la pièce Il est onze heures moins cinq, panique dans la ville, parce que le dépanneur allait fermer. Là, il a écrit Le Feu de l'action», où on peut entendre: «Il y a du pour et du contre / Il y a des jours et des nuits / Crisse que je m'ennuie.» «Il s'est passé 15 ans entre les deux. Ça s'entend, c'est la preuve que la vie avance.»
Un peu d'air
Enregistré en partie en France, à l'invitation de l'étiquette de disques hexagonale Boxon qui y a fait paraître Scénario catastrophe, le troisième disque du Nombre est moins abrasif, même si des titres comme Je suis vide ou Couleur naturelle restent fidèles aux précédents opus.
«C'est volontaire, sans être trop planifié, explique Gourmet Délice. Il y avait un désir de ne pas produire un mur de son du début à la fin. Jean-Philippe et Ludwig tenaient à faire quelque chose de plus dynamique, de plus nuancé. Sur l'album, c'est plus espacé, il y a plus de place à la voix... Pour une fois, on ne se fera pas dire qu'on n'entend rien des paroles!»
On retrouve sur Vile et fantastique quelques choeurs féminins, les claviers d'Alex McMahon -- de passage en France avec Yann Perreau lors de l'enregistrement -- et la touche de Ramachandra Borcar, alias DJ Ram, qui s'est occupé du mixage du disque. «On aime son oreille, il a des goûts très éclectiques, du punk hardcore à la musique indienne, explique Gourmet. Ce qui est intéressant, c'est qu'on ait mis ça dans les mains de quelqu'un d'autre. On a déjà fait le mixage nous-mêmes, mais ça prend quelqu'un de l'extérieur qui écoute la chanson pour ce qu'elle est, et pas pour ce qu'elle représente pour chaque musicien. Lui, il n'en avait rien à foutre de tel ou tel solo, il voulait amener la chanson où elle devrait aller.»
Les musiciens du Nombre, qui ont la réputation d'être de véritables bêtes de scène, monteront sur les planches québécoises du Cercle le 26 mai et sur celles du Divan orange le lendemain à Montréal, avant de faire une escale torontoise à la mi-juin. «Ça fait étrange, c'est quand on a le moins de temps dans notre "carrière" que notre musique devient plus accessible. Mais si ça marche, on va prendre la route et on va faire plus de shows. Pour nous, c'est le meilleur album du Nombre.»
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Paru dans Le Devoir du vendredi 22 mai 2009