dimanche, juin 14, 2009

Exit les anglos à l'Autre Saint-Jean

L'Autre Saint-Jean vient de perdre une bonne partie de son altérité. Les organisateurs de l'événement, c4 productions, se sont fait forcer la main et ont dû retirer les artistes anglophones prévus à l'horaire, soit Lake of Stew et Bloodshot Bill, deux groupes bien de chez nous.

Selon La Presse, les organisateurs de la soirée ont fait parvenir un courriel aux artistes concernés, les informant qu'un commanditaire s'opposait à leur présence pour des raisons «philosophiques».

Sur le site du Bang Bang, Simon Jodoin souligne que c'est la Société Saint-Jean-Baptsite et l’Association Culturelle Louis-Hébert, ainsi que d'autres gens dont on ignore l'identité, qui sont contre la présence anglophone à cette fête, voulue inclusive par son organisation. "Les spectacles de la fête nationale doivent se tenir uniquement en français", a plaidé Jacques R. Blier, administrateur de l’Association Culturelle Louis-Hébert.

Toujours selon Jodoin, le Service de Police de la Ville de Montréal aurait signifié au producteur que les menaces de débordements étaient trop fortes et que par mesure de sécurité, il serait mieux de réviser sa programmation.

La Presse, sous la plume de Martin Croteau, cite les groupes exclus de la célébration. «Nous avions l'impression de faire partie d'un progressif, de participer à un événement où le vieux paradigme entre francophones et anglophones n'était plus là», a déploré Richard Rigby, l'un des membres de Lake of Stew. Pour sa part, Bloodshot Bill a déclaré: «J'étais honoré d'être un des premiers anglophones à participer à un spectacle de la Saint-Jean. Nous sommes des Québécois, nous aussi, nous avons été élevés ici.»

Voilà pour les faits, tels que nous les connaissons en ce moment.

***
Personnellement, je trouve cette nouvelle plutôt triste, même si je comprends que certains Québécois soient extrêmement pointilleux sur la question de la langue, pour des raisons historiques, sociales et politiques. Mais la grande majorité du concert se serait déroulée en Français, et les groupes anglophones sont de Montréal. Des locaux, des gens avec qui vous êtes peut-être allé à l'école.

La langue française me tient beaucoup à coeur. Ce blogue et mon émission de radio à CIBL sont totalement consacrés à des artistes francophones, et ce, par choix. Mais un musicien anglophone d'ici n'est pas moins Québécois. Et je ne vois pas leur présence dans une Fête nationale, aussi symbolique soit cette célébration, comme une menace à la langue. Cela dit, et après avoir lu plusieurs commentaires sur ce sujet précis, je juge les deux points de vues valables, mais probablement irréconciliables. Dommage par contre que certains jouent la carte de l'intimidation.