samedi, août 01, 2009

FrancoFolies: Sur la route de terre de Decoster


















Sur la pochette de son disque, le Français Sammy Decoster est assis sur une chaise berçante en bois, son chien à ses côtés, dans une pièce vieillotte éclairée par la lumière du jour. La photo est légèrement patinée et le regard, à la fois accueillant et prudent. Son titre: Tucumcari, du nom d'un bled poussiéreux du Nouveau-Mexique. Le ton est donné.

Parce qu'il est poussiéreux, ce premier disque folk-blues du musicien touche à tout. À travers les douze titres, presque tous chantés en français, on part en périple dans le sud des États-Unis, en empruntant la célèbre route 66. On entend les grands espaces, on sent presque la chaleur. La guitare acoustique a la part du lion, mais ne laisse pas très loin derrière le violon, le wurlitzer, le lap steel et la contrebasse, tout ça dans un lit de réverbération.

Decoster, 27 ans, a déjà visité le sud des États-Unis -- les photos du livret en sont d'ailleurs la preuve. «Je me suis rendu compte que ce que je ressentais devant ces paysages sur lesquels j'avais fantasmé depuis la France, je l'avais déjà ressenti chez moi, en Auvergne, en Bretagne, raconte-t-il. Au fond, le fil conducteur, c'est l'émotion, c'est à ça que j'ai envie de toucher, l'émotion pure du personnage au milieu du paysage.»

La relation entre les ambiances et les images, c'est la force de ce premier disque du Français. Déjà, Tucumcari évoque le film Pour quelques dollars de plus, de Sergio Leone, et le titre L'homme que je ne suis pas cite abondamment la musique de Morricone. «La musique de film, ça me plaît beaucoup; j'aimerais énormément en faire. J'ai toujours été très sensible à l'enregistrement, à l'ambiance, au son, particulièrement à ce son où on a l'impression que tous les musiciens sont dans la même pièce. J'aime ça quand c'est habité, quand ça sent la poussière, quand ça sent le bois...»

Le Français prend toutefois un peu ses distances par rapport à l'imagerie typée de Tucumcari. «Je vois un peu ce disque comme une étape; j'essaie vraiment de voir les choses à plus long terme, de m'approcher au maximum de la beauté que j'ai envie de transmettre, et de la faire au fur et à mesure, d'un disque à l'autre.»

En français dans le texte
Si Decoster a toujours été un grand fan d'Elvis et du rock chanté en anglais, onze des douze chansons de Tucumcari sont chantées dans la langue de Molière -- en bottes de cow-boys. «Pendant longtemps, j'ai été assez réfractaire au fait de chanter en français, c'était pas pour moi une formule évidente, ni quelque chose qui me plaisait. J'écoutais Fats Domino, les Platters; je ne comprenais pas les paroles, mais je pouvais me créer mes propres images, je pouvais rêver!»

Encore peu connu au Québec, Decoster a reçu un accueil très favorable en Europe, et y gagne son public à coup de concerts et de tournées. Le chanteur sera aux FrancoFolies de Montréal deux soirs, d'abord en version extérieure gratuite ce soir, puis demain en première partie de Catherine Major au Club Soda.

Ce sera une première visite en sol montréalais pour Decoster, qui avoue adorer les voyages. Le thème revient d'ailleurs souvent sur Tucumcari. «Ça m'inspire beaucoup, les départs, le voyage, le fait de partir. J'aime même les voyages qui ne sont pas nécessairement longs, ceux dans ma tête, ceux dans la campagne alentour. C'est pas la distance qui est importante, c'est le fait de partir.»

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Ce soir, à 21h sur la scène Les Espoirs
Demain, à 19h au Club Soda, en première partie de Catherine Major