vendredi, septembre 25, 2009

Navet Confit: LP3, une folie ressérrée




Ça bouillonne sans cesse dans le cerveau du prolifique Navet Confit. Tout en étant le directeur artistique de La Confiserie -- filiale alternative de l'étiquette GSI --, le multi-instrumentiste a récemment réalisé le dernier album de Carl-Éric Hudon, joué sur scène avec Jérémi Mourand et Alexandre Champigny, en plus de mettre sur pied un spectacle original pour les dernières FrancoFolies. À travers tout ça, Jean-Philippe Fréchette -- c'est son nom -- a trouvé un peu de temps pour faire son troisième disque, où il navigue encore dans l'exploration mais en resserrant davantage ses chansons.

C'est justement son horaire chargé qui a forcé Navet Confit à concevoir ses pièces différemment pour ce LP3 - Papier-vampire. Au lieu de pondre une pièce encore verte et de prendre son temps pour la modifier, la triturer, la faire voyager, le flegmatique chanteur a davantage fait mûrir ses chansons dans sa tête, avant d'enregistrer plus rapidement des versions déjà matures.

«Ce sont des chansons de feu de camp à la base, des chansons guitare-voix. Après, je les ai habillées comme je voulais, raconte Navet Confit, assis devant sa table de cuisine verte. Oui, y'a encore plein de styles qui sont exploités là-dedans, mais ça fait moins montagnes russes.»

Montagnes russes. Fréchette répétera ces deux mots plusieurs fois pendant l'entrevue. Même s'il n'a pas la prétention ni la volonté de faire de la musique qui plaît au plus grand nombre, le chanteur avait pour ce LP3 un désir évident de ne pas trop s'éparpiller. Il y a d'ailleurs joué de presque tous les instruments -- 21 musiciens étaient venus mettre leur touche sur son précédent disque double, LP2. Avec son preneur de son et ami Vincent Blain, Navet Confit s'est enfermé deux semaines en studio. «On a enregistré 12 heures par jour, c'était très intense, mais ç'a vraiment bien marché. On en est sorti avec 20 pièces.»

N'en reste que 13 sur l'album, les sept autres se trouvant tout de même sur un minialbum téléchargeable gratuitement lors de l'achat du disque. «Pour faire la courbe musicale de l'album, je ne pouvais pas... je ne voulais pas me permettre trop d'extrêmes, autant en douceur qu'en intensité. Mais tant qu'à les avoir enregistrées, on les offre à part.»

Fil conducteur
Comme à son habitude, Navet Confit livre ses mots avec une voix bien calme et monocorde. «Dans un album qui part avec une toune funky, qui s'en va après dans du grunge sale et qui passe par le folk, ça prend un fil conducteur. Le lien à travers tout ça, c'est la voix, le ton, l'interprétation.»

Parfois rendus sous forme d'histoires, parfois plus impressionnistes, ses textes ne sont pas à prendre au premier degré. Il faut tenter de déchiffrer un peu, et parfois s'abandonner aux images, mais il nous avoue y parler de certaines paranoïas, et de réflexions sur l'industrie de la musique.

Même cette histoire de vampire -- le sous-titre de l'album et quelques images de la pochette pliable sous forme d'origami -- ramène quelque part à son métier. «Y'a des situations qui te forcent à être un vampire quand tu es musicien. Tu es en studio et tu fais des heures de fou en pleine nuit. En tournée, ça arrive souvent qu'à 6h du matin j'aille rapporter le camion chez Légaré avant d'aller me coucher, quand le monde se lève. Bon, honnêtement, l'histoire de vampire est partie d'une niaiserie, mais quand t'es rendu à aller louer une cape... c'est du sérieux!»

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Navet Confit est en spectacle ce soir à la Sala Rossa. Ouverture des portes à 20h, spectacle à 21h.