Quelle étrange soirée vécue samedi à l'eXcentris, alors que Fred Fortin revenait enfin nous voir.
Pour sa rentrée montréalaise, la fierté de Saint-Prime a malheureusement hérité d'une salle horrible, avec laquelle il a dû se battre. La foule aussi d'ailleurs.
Côté musique, soyons clair. Si Fred a commencé nerveux et pas avec autant de vigueur qu'il aurait pu, il a fini avec beaucoup d'aplomb. Il était accompagné sur scène des guitaristes Olivier Langevin et de Jocelyn Tellier -- dur de trouver mieux -- et du batteur Justin Allard, qui a torturé ses tambours à grands coups de baguettes de bois. Fred a offert toutes les pièces de Plastrer la lune et plusieurs de Planter le décor, dont Conconne, Pop citron, Robeur et Châteaubriand, bijou d'intensité hier. De son premier disque, il a même offert Testament, que je n'avais jamais entendu autrement que sur disque. Un moment rare à garder dans un tiroir de ma mémoire.
À travers toute cette bonne musique, Fortin a quand même dû composer avec un environnement hostile. La foule qui va voir Fred Fortin est plutôt vendue d'avance, mais plusieurs ont perdu un peu d'enthousiasme une fois les portes de l'ancien cinéma franchies, alors que des considérations très terre-à-terre en ont fait rager plusieurs.
D'abord cette longue file pour le vestiaire -- une autre salle de cinéma transformée en garde-robe, triste --, cette odeur de poussière brûlée, puis cette interminable attente pour le bar. Un bar? Non, ça ne mérite pas ce nom. Trois petits chariots, des poubelles avec de la glace en guise de frigo, des employés qui ne débouchent même pas les bières et qui te remettent de la monnaie détrempée. C'est pas l'OSM, on n'arrive pas en voiture dans le stationnement de la PdA pour aller s'asseoir directement sur nos sièges rouges; c'est un show rock de Fred Fortin, les gens viennent tripper musique et boire des bières, faire la fête. Deux mois après son ouverture comme diffuseur de spectacle, l'eXcentris n'est pas à la hauteur.
À un certain moment, Fortin fait un toast avec la foule, mais des gens crient : "Y'a même pu d'bière!" Quoi? "Un show de Frédéric Fortin sobre, ça manque de vice!", s'est amusé le chanteur. Aussi bien en rire.
Quant à la configuration de la salle, on a encore des doutes. Faite en 3 paliers et avec une scène pas très haute, elle n'offre une bonne vue qu'à la poignée de gens au parterre et aux gens qui sont placés au-devant des deux autres niveaux.
Est-ce que la bonne musique de Fred aurait fait exploser la baraque au Club Soda ou à l'Astral? Poser la question...
dimanche, décembre 13, 2009
Fred Fortin à l'eXcentris - Se battre contre la salle
Publié par Philippe Papineau à 12:08 p.m.
Libellés : critique, excentris, Fred Fortin, spectacle