samedi, mai 15, 2010

Golden Bombay - Misteur Valaire à hauteur d'homme



D'album en album, le groupe Misteur Valaire bouge, se métamorphose, et se départ de son esprit un brin... scolaire. Pour son troisième disque, Golden Bombay, le quintette électro-jazz plonge à deux mains dans la pop, sans se faire pute, invitant au passage une série de collaborateurs au microphone. Et pour qu'on parle davantage de musique que de mise en marché, le groupe garde le mystère sur la possible gratuité du disque.

Les cinq jeunes hommes de Sherbrooke, désormais bien installés à Montréal, ont en partie bâti leur réputation grâce au bouche à oreille, après avoir offert gratuitement leur deuxième disque, Friterday Night, sur leur site Web. À ce jour, plus de 45 000 personnes ont téléchargé leur musique. Leurs furieuses performances scéniques ont aussi marqué les foules curieuses du Québec dans les dernières années, parlez-en aux gens de Tadoussac qui ont vu France, DRouin, Jules, To et Luis défoncer la scène du Café du Fjord en 2007.

Si Friterday Night puisait dans des influences touffues et cérébrales à la Niels Peter Molvaer et à la Erik Truffaz, Golden Bombay fait plutôt la preuve que le groupe a voulu simplifier les choses et ramener leurs mélodies à hauteur d'homme. «Quand on compose, les cinq lancent des idées. On sentait le besoin de faire un certain nettoyage pour ce disque-là, explique Luis Clavis, derrière ses épaisses lunettes noires. Là on voulait trouver une seule direction par chanson. Pourtant, on n'est pas des gars de musique difficile, on écoute de la pop, plein de trucs accrocheurs. Mais le plus dur, c'est de trouver des idées efficaces qui nous intéressent quand même.»

Grâce aux invités venus chanter sur Golden Bombay, le disque s'écoute franchement plus facilement, l'auditeur ayant davantage de repères. Misteur Valaire a sorti son calepin d'adresses et a invité James Di Salvio et Liquid de Bran Van 3000, l'ex-Hot Springs Giselle Weber devenue Gigi French, Béni BBQ, Sanja Sargeant et Fanny Bloom de La Patère rose — une alliée toute naturelle qui joue déjà avec deux des membres de MV.

«Les voix n'étaient pas là pour structurer l'album, explique Luis Clavis. Mais ça nous a forcés à refaire les pièces où on avait des collaborations, parce que le vocal, ça donne envie de couper dans la toune et de faire des blocs qui reviennent... le refrain, t'as envie de le réentendre!»

Pas très sérieux dans la vie de tous les jours, les cinq amis d'enfance ont injecté dans ce disque une bonne dose d'humour et de kitsch, à grands coups d'échantillonnages farfelus — qui se souvient des fruits et légumes de Soupe Opéra? «Le rétro kitsch mélangé avec le futur, ça fait partie de notre son, dit le percussionniste. On aime explorer les vieux vinyles. De vieux trucs faits au Québec il y a 30 ans mélangés avec des beats actuels, je trouve que ça fait de belles rencontres.»

Même si le groupe a magasiné une maison de disques dans les derniers mois, Golden Bombay sera lancé de manière indépendante, avec, tout de même, un coup de pouce d'Indica pour diverses tâches promotionnelles. Luis Clavis refuse pour l'instant de dire si le disque sera offert gratuitement en téléchargement. «Ce qu'on peut dire, c'est qu'il va sortir en magasin, et qu'il va être disponible au www.mv.mu... Mais on ne dit pas de quelle façon! La réflexion a été faite, on s'est demandé ce qui était le plus sage, et moi, je suis tout à fait d'accord avec la direction qu'on a prise.» Pas de doute, les «Misteurs» cultivent le mystère.

Au Club Soda le mardi 18 mai, et au Cercle à Québec le 20 mai.

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Écoutez November Number 3, avec Fanny Bloom.