Quelques heures avant le lancement du dernier disque de Paul Cargnello, le téléphone sonne. "Allo, c'est Paul, il est quelle heure?" L'heure de la psychanalyse! Parce qu'on dirait que mes jasettes avec l'Anglo-Montréalais virent toujours à l'analyse, presque à la confidence. L'essence de notre rencontre à propos de La Course des loups se retrouve ici. Voici les retailles de l'entrevue, en vrac.
Sur ses déboires avec l'industrie
Anubis, ma dernière étiquette de disque, a fermé 6 mois après la sortie de mon album Bras coupé. J’ai perdu une équipe, il n'y avait aucune subvention. C’était vraiment à moi de continuer la promotion, et la tournée. Financièrement c’était pas mal difficile. Mais bon, on a commencé pas mal tout de suite à travailler sur La Course des loups. Avec Tacca, c’est la première fois que je signe pour plus qu’un album avec une étiquette.
Sur La Reine contre Paul Cargnello
Avec chaque album commercial que je sors, je fais toujours un petit album b-sides. Le dernier était Bragging, et cette fois-ci il s’appelle La Reine contre Paul Cargnello. Je parle de mes arrestations, de mon implication sociale. C’est un album blues électro, que je donne avec chaque achat de La course des loups en spectacle. Ça me donne la chance de sortir 25 chansons par années, et c’est quelque chose de spécial pour les fans. Je fais ça chez moi, il n'y a aucune distribution, aucun contrat d’édition, il n’y a rien. Ça coute rien, et c’est l’fun!
Sur l'implication et le vieillissement
J’ai rencontré plein de gens dans l’activisme qui, avec l’âge, deviennent moins engagés, moins impliqués. Pour moi c’est le contraire. Mes valeurs deviennent de plus en plus fortes. Je pense qu’avec un enfant, tu vois l’importance de l’avenir, d’avoir une société qui est juste. Et ça vaut la peine de lutter pour ça. (...) La prochaine fois que le dossier de l’avortement revient sur la fucking table encore, je descends dans la rue. Je suis tellement tanné des conservateurs, chaque fois qu’on coupe les arts, chaque fois qu’on coupe à Radio-Canada.
Le plus dur pour moi ce n’est pas l'écriture, mais le chant. Je fais plein d’erreurs quand je parle, je pense trop vite pour mes capacités verbales! Au chant, je répète beaucoup plus en français qu’en anglais. À l'écriture, je peux prendre mon temps, j’ai mon Bescherelle, mon dictionnaire. J’ai des amis à qui je peux poser des questions.
Sur le prix Polaris remis à Karkwa
Bon, les gens ne vont peut-être pas aimer ça, mais le Québec est encore dans le Canada, et Karkwa a le droit de gagner le prix Polaris parce que c’est des fucking canadiens! Mais je pense que tout ça, c’est quelque chose qui va être disparu à la génération de mon fils. Ça va être dur pour les Québécois de dire quelle est leur langue maternelle, surtout à Montréal. Mon fils va grandir en français et en anglais...