Louise Attaque au Centre Bell -- Heureux compromis
Papineau, Philippe
«Deux pièces encore et on se tire pour laisser la place à Michel Sardou», a crié le chanteur de Deportivo. Hein? On ressort le billet et on jette un regard sur la foule: non, cette bande hétéroclite ne serait pas venue au Centre Bell pour Sardou. Le trio rock assure bien la première partie des presques mytiques Louise Attaque, enfin de retour en ville après sept ans d'absence. On dit enfin, mais c'est la première fois que le journaliste du Devoir voit le quatuor français sur scène. Les disques, eux, sont usés à la corde. On ne sait pas trop à quoi s'attendre.
D'entrée de jeu, la bande du chanteur et guitariste Gaëtan Roussel amorce les retrouvailles par une simple question: «Dis, est-ce que tu m'aimes encore?» La réponse est claire: oui. D'autant plus que les quatre, historiquement pas toujours sur la même longueur d'onde musicale, semblent s'amuser à nouveau ensemble, comme des petits bleus dans la cour de récréation. Pour bien animer la vaste scène de l'aréna pas tout à fait plein, Louise Attaque n'a pas lésiné sur les éclairages - dignes des grands événements rock - et sur la distortion des guitares: on se serait presque cru à un spectacle de Kiss.
Pour plaire aux amateurs tout en présentant son nouveau matériel, Louise Attaque a opté pour le compromis, virevoltant entre les pièces moins connues de leur plus récent disque, À plus tard crocodile, et les succès maints fois entendus de leurs deux premiers albums. Une soirée avec Louise Attaque sans La Brune ou J'temmène au vent n'aurait pas été un succès. Même chose si on nous avait servi que les classiques, on aurait demandés un peu de matériel frais.
Le compromis nous a bien plu, mais il avait le désavantage de nous faire vivre un spectacle en montagne russe. Le parterre, calme au début, s'est enflamé dès les premières notes des Nuits parisiennes, plus rock que jamais, puis s'est refroidi sur Revolver. Ensuite Tu dis rien, de l'album Comme on a dit, a de nouveau soulèvée les spectateurs. Après trente minutes de montées et de descentes, le constat était déjà clair: le manège est inévitable, alors levons les bras et crions de joie. Au rappel, on a du filer, un peu dépeigné, mais plutôt heureux. Prochain rendez-vous pour Louise Attaque: c'était samedi au Théâtre Granada de Sherbrooke.
Le Devoir


