mercredi, septembre 06, 2006

... Et j'ai couché dans mon char















J'ai roulé 400 milles sous un ciel fâché.
Aux limites de la ville mon cœur a clenché.
Les gros flashes apparaissent dans mon âme égarée,
Les fantômes se dressent à chaque pouce carré.
Revenir d'exil comporte des risques
Comme rentrer une aiguille dans un vieux disque.
Y a eu ben du progrès, ben d' l'asphalte, ainsi d' suite;
J' me demande qui j' serais si j'étais resté icitte.
Une peine imbuvable, à qui la faute?
J'étais juss' pus capab' d' la voir avec un autre.

Mais c'est tout oublié, chu r'dev'nu un homme;
Le ti-cœur pomponné s'en vient voir ses vieux chums.
Salut les apaches, salut les crottés.
Vous me trouvez le stash moi je paie le party.
J'entends la fonderie qui rush; pour ceux qui l' savent pas
On y brûle la roche et des tonnes de bons gars.
Les grandes cheminées éternelles comme l'enfer;
Quand le gaz m'a pogné chu v'nu tout à l'envers.
Entendez-vous la rumeur, la loi de la compagnie?
"Il faudra que tu meures si tu veux viv' mon ami"
J'ai poussé mon p'tit change dans l' trou du téléphone;
Sentiment étrange Je r'joins pus personne.
"Time flies" que j' me dis, m'en vas faire de mon best.
J'ai marché dans la nuit en cherchant un orchestre.
J' prends ma chambre à' Capri j'aboutis dans la même;
Mêmes brûlures su' l' tapis, même vue sur la "Main".
Comment dormir dans un lit où t'as baisé des anges?
Je sens monter la folie: je descends dans le lounge.
Dans la flamme d'un briquet un visage intrigant;
C'te gars-là je l' connais, bonyeu, mais c'est Satan!
Long time no see, y fait pas chaud là, mets-en.
J'ai passé proche l'embrasserà force que j'étais content.
Y m'a dit "La gang est splittée, c'était rien qu'une époque.
Sa valeur est tombée comme le prix de la coppe.
Y s' sont toutes faites buster, l'un après l'autre;
À la fin y est resté moi, mon ombre pis son coat.
Les aut' ont farmé leu' yeules, y déclarent à l'impôt.
Nouvelle clientèle et musique de robot.
Quand les downs de tes highs te défoncent l'intérieur,
Tu t'engages comme bétail: pas d' malheur, pas d' bonheur.
Y ont vendu l'amour bandé pour de la tendresse.
Ils se sont enfermés dans la chambre de commerce.
À c't'heure chu quas'ment tout seul à fournir à' Plaza
Que c'est qu' le monde veulent, qu'est-ce que la loi veut pas.
À peut v'nir me chercher pour m' passer les menottes;
Quarante ans d' liberté de nos jours, c't' une bonne cut.
Y a personne qui m'encule, j'ai gardé mes bons nerfs;
Comment ça vaut, ça... calcule! Chu déjà millionnaire.
Côté cœur, ben content; y a du monde su' la ligne.
Quand les chums sont en-d'dans, moi, j' m'occupe des darlings.
Tu t' rappelles, ton gros kick, la belle Rose-Aimée?
M'as t'en pousser une comique: moi pis elle, c'est steady."

(Quand y m'a dit ça...)

C'est rentré comme un clou, un couteau dans' patate.
La suture a t'nu l' coup: Well, let's drink to that!

Le jour s'est l'vé sur Rouyn 'ec des gros rayons d'or.
J'ai jasé 'ec mon instinct... Et j'ai couché dans mon char.

***

Paroles et Musique: Richard Desjardins 1990 "Tu m'aimes-tu"