Je vous livre ici un article paru dans Le Devoir du 22 septembre sous la plume de Louise-Maude Rioux Soucy traitant des ventes de disques au Québec. C'est plein de données intéressantes, délectez-vous.
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Statistiques - La part des disques québécois fléchit
Louise-Maude Rioux Soucy
Cet été, l'Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ) nous apprenait que les livres québécois avaient perdu du terrain entre 2002 et 2004. Voici que c'est au tour des disques québécois de voir leur part de marché s'effriter en 2005, pouvait-on lire hier dans le bulletin de l'OCCQ rédigé par des chercheurs de l'Université de Montréal à partir de données produites par Nielsen SoundScan. Faut-il y voir une tendance inquiétante? Au bout du fil, Christine Routhier se veut rassurante. «La diminution n'est pas si forte que ça, alors avant qu'on puisse conclure qu'il y a vraiment un déclin, il va falloir qu'on l'ait constaté pour plusieurs produits sur plusieurs années», explique la chargée de projet à l'OCCQ.
N'empêche que les chiffres bruts étonnent. Force est de constater que tant les productions artistiques québécoises que les productions dites industrielles (sous étiquette ou distributeur québécois) ont perdu du terrain en 2005. Dans le premier cas, la part québécoise est passée de 46,7 % en 2004 à 39,7 % en 2005. Dans le second, elle est passée de 47,3 % à 40,7 % pendant la même période. Dans le bulletin, le responsable de l'étude, Claude Martin, écrit qu'il y a bel et bien eu «un tassement de la part détenue par les produits québécois» tout en soulignant qu'il y a aussi eu une diminution de la part québécoise dans les listes de best-sellers. «Un phénomène à suivre», ajoute le professeur au département de communication de l'UdeM. De là à dire que le public tend à se désintéresser des produits québécois, il y a un pas que l'observatoire préfère ne pas franchir. «Ce qu'il faut comprendre, et c'est bon aussi pour le cinéma ou les livres, c'est qu'une diminution ne veut pas nécessairement dire qu'il y a une désaffection du public pour les produits québécois», explique Mme Routhier. Les produits très grand public, Star Académie par exemple, font souvent toute la différence. «Si, une année, il n'y avait pas de tels produits, la part québécoise serait peut-être moins importante», confirme la chargée de projet.
Cet effet se fait sentir sur la liste des meilleurs vendeurs produite par l'OCCQ. Pour la période allant de 2002 à 2005, c'est Star Académie qui trône au premier rang, suivi de Marie-Élaine Thibert, chanteuse et académicienne ! Au troisième rang, on retrouve Céline Dion, suivie de Don Juan et du groupe Evanescence. En 2005, la liste change un peu. Cette fois, c'est Céline qui occupe le premier rang, suivie de Green Day, Black Eyed Peas, Simple Plan et... Madonna.
Concrètement, l'étude menée par le professeur Martin visait aussi à examiner l'évolution des ventes de disques au Québec de 2002 à 2005. On y apprend que les ventes totales de disques ont été stables en 2005 avec 12,6 millions d'unités vendues. On constate toutefois que le CD traditionnel a encore perdu du terrain au profit du DVD musical, passant de 23,2 % à 26,3 % des unités sonores vendues en 2005.
À première vue, 2006 s'annonce moins rose pour le disque en général. Les statistiques que diffuse mensuellement l'OCCQ montrent que les ventes de CD ont diminué de 6,5 % de janvier à août par rapport à la même période l'année précédente. Il est cependant trop tôt pour tirer quelque conclusion que ce soit, affirme l'OCCQ.