jeudi, juillet 26, 2007

FrancoFolies -- Anis: chanteur de charme cherche public

Deux ans après son premier séjour au Québec, alors qu'il commençait à peine la tournée de son album La Chance, le chanteur français Anis traverse de nouveau l'Atlantique pour nous livrer deux des derniers concerts de son périple musical. À l'époque plutôt vert, le chanteur de charme amoureux du blues nous revient maintenant tout étoilé, question de boucler la boucle.

À 30 ans, et toutes ses dents (on n'a pas vérifié, en fait), Anis n'a pas le parcours d'un pistonné. Son métier de musicien, il ne l'a pas appris dans les petits bars, ou dans les studios d'enregistrement, mais bien dans les couloirs du métro parisien. «J'y ai joué pendant trois ans. C'était pas facile, mais j'ai adoré, raconte Anis, au bout du sans-fil. C'est ce qui m'a permis d'arrêter de faire des petits boulots de serveur, de déménageur, etc. Et ça me permettait de payer mon loyer, mes charges, de m'habiller... » La suite est composée d'heureux hasards, de cartes d'affaires échangées, d'une maquette qui fait son chemin jusque chez France Inter, la radio publique.

Depuis, avec son album La Chance, écoulé à près de 130 000 exemplaires, Anis parcourt la francophonie. Sa voix un peu nasillarde est reconnaissable entre toutes, et sa musique métissée sait plaire à un public varié. S'il flirte un tantinet avec le hip-hop (J'aurais voulu être un MC) et le reggae (Intégration), le guitariste nommé aux Victoires de la musique dans la catégorie «Révélation scène» ne cache pas son amour du blues. «C'est la musique majeure de notre époque, de laquelle découlent tous les courants musicaux qu'on écoute maintenant.»

Oui aux textes, mais la musique d'abord
Anis Kachohi, d'origine russo-marocaine, a grandi à Cergy, en banlieue de Paris. S'il fait indéniablement de la chanson, aussi hybride soit-elle, il ne s'inscrit clairement pas dans la tradition bien française des chanteurs à texte, ni dans cette lignée plus très fraîche de la «nouvelle scène».

«Ça me saoule un peu. En ce moment, les textes sont vachement mis en avant, il faut absolument qu'ils soient "sublimes" et, du coup, c'est même pas la peine de savoir chanter», croit Anis, parlant des Delerm et autres Bénabar de ce monde. «Je les ai rencontrés plusieurs fois, parce qu'on est collègues, et ce ne sont vraiment pas des connards. Mais musicalement, c'est pas ma tasse de thé.»

Le coeur du musicien, qui nous promet un nouvel album pour le printemps prochain, se tourne plutôt vers ceux qui savent chanter la pomme. Sur scène, il interprète d'ailleurs une pièce d'Arno intitulée Chanteur de charme, qui dit: «Je veux être mince comme un pneu de vélo / je veux que tout le monde m'aime, même les clodos.» «Je m'y retrouve complètement, c'est tout à fait le cliché, assure Anis. J'aime bien les crooners, les divas. Moi-même, j'aime bien arriver pas mal fagoté sur scène, je suis un peu coquet!»

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- Ce soir, à 20h, à la Zone Molson Dry (gratuit)
- Demain, à 23h, au Spectrum avec Marc Déry (14,50 $).