vendredi, mars 13, 2009

La Patère rose: l'amour à bras-le-corps







Après Damien Robitaille, David Marin, Karkwa et Émilie Proulx -- pour ne nommer que ceux-là --, voici qu'une autre pousse issue du concours des Francouvertes fait son chemin jusque chez nos disquaires. La Patère rose, formation gagnante de la dernière édition, arrive avec toute sa fougue et toute sa fraîcheur.

À peine un an après avoir attiré tous les regards des défricheurs de la scène alternative grâce à quelques impressionnantes performances scéniques lors des Francouvertes, des FrancoFolies et d'Osheaga, voici que La Patère rose, un jeune et fougueux trio au nom cocasse, fait paraître sur étiquette Grosse Boîte (Coeur de pirate, Tricot Machine) un premier disque rafraîchissant, où l'amour a le beau rôle.

L'amour, encore l'amour, toujours l'amour! Sur ce premier disque éponyme de chansons pop teintées d'électro et de rock, l'amour se prend à bras-le-corps et se décline sans prétention à travers les 13 titres. L'amour passionnel, pur et dur. Celui qui n'est plus là, celui qui est menacé, et, pourquoi pas, tiens, celui qui se fait à deux.

C'est beaucoup de la chanteuse et pianiste Fanny Bloom (de son vrai nom Grosjean) que vient cette propension, elle qui a écrit les textes de l'album -- à l'exception des Deux bonnes soeurs, de Baudelaire. Rien pour déplaire à ses deux acolytes, le batteur et DJ Julien Harbec (dit KiloJules) et le claviériste et échantillonneur Thomas Hébert (alias Roboto), aussi membres de la formation électro-jazz Misteur Valaire.

«En ce moment, mes amours vont très bien, raconte la chanteuse, mais j'en ai eu des peines d'amour, je sais ce que c'est, souffrir du calice parce que ça va mal, c'est terrible. Mais bon, ça fait du bien un peu de chaos dans les chansons, non?»

Entre énergie et émotion
Les trois amis de 22 ans sont visiblement sur la même longueur d'onde, tant dans la création que dans la vie. Autour de la table, les phrases fusent de toutes parts, les gars agacent la fille, avant de tendre au journaliste une bonne cigarette Popeye. Ça ne se refuse pas. Du coup, en prenant une bonne croquée de sucre artificiel, on se dit que c'est de là que vient cette folie, ce côté «cour d'école», cette énergie criante -- littéralement, parfois -- que l'on peut entendre sur le disque. La gang dans la vie, ça reste la gang dans la musique.

Mais paradoxalement, La Patère rose, c'est aussi beaucoup l'émotion à fleur de peau, qui passe par la voix un peu enfantine de Fanny sur les pièces les plus douces, davantage basées sur le piano et la voix. «C'est comme ça que j'ai commencé, et ça m'allume encore, raconte Fanny, une fan avouée de la Française Camille et de Martha Wainwright. C'était très important pour moi de transmettre une émotion, pas nécessairement un message, et d'y aller viscéralement.»

Là où le trio a le mieux réussi à transmettre cette émotion, c'est certainement sur les pièces Duet Tacet -- aux allures de Coeur de pirate -- et Backyard souvenir, qui racontent tout en douceur une peine d'amour et un difficile épisode de jalousie. «Y'a pas d'amour sans jalousie, c'est impossible, croit Fanny. Tu peux la doser, et arriver à vivre avec vraiment bien, mais tu ne peux pas aimer quelqu'un sans être jaloux un peu, des fois... non?» Derrière ses grosses lunettes, KiloJules lève un sourcil. «Je ne sais pas... je... j'ai jamais aimé.» Et toute la tablée s'étouffe avec ses cigarettes Popeye.

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Spectacle de lancement le 19 mars 2009 au National, à 21h. Album déjà en magasin. www.lapatererose.com

Magnifique photo du haut : Alexandre Chabot, chipée sur le site du Nightlife