jeudi, octobre 01, 2009

Retailles d'entrevue: Fred Fortin



À la table du Pouding Café, rue Ahmerst, Fred Fortin parle de son album Plastrer la lune avec fierté. Une bonne heure de discussion, sur plusieurs sujets (la musique, la famille...), et pas vraiment d'explications chanson par chanson. Il y a beaucoup à lire par ici, mais comme on ne peut pas toujours étirer l'élastique à l'infini, voici quelques retailles d'entrevue.

Au sujet du son recherché
La musique que j’aime le plus, c’est des trucs comme Ray Charles, avec du groove. Des trucs plus sentis qu’élaborés et pensés. Mais je ne suis pas arrivé là pantoute en même temps, c’est juste une quête, et je me débrouille avec ce que j’ai comme ressource, comme talent. Je vais où je peux, c’est de l’instinct rendu là.

À propos des personnages
Dans les villages, y’a toujours des gens que tout le monde connaît, sans vraiment les connaître. Dans mon enfance à Dolbeau, y’en avait. À Saint-Prime tout le monde a des surnoms, à Saint-Félicien même chose. C’est comme le transsexuel à Saint-Prime… tout le monde le connaît! C’est cool qu’il y ait du monde qui s’affirme, qui sont ce qu’ils sont, et qui sont acceptés. On en a justement perdu un récemment, Paul Armand, un type qui faisait du pouce dans le milieu de la rue, et qui était tout le temps en maudit quand tu l’embarquais pas. Il tirait aux cartes pour se faire de l’argent, avec 15 ou 20 cartes à peu près. Et il commençait tout le temps par: "t’es orgueilleux, toi, hein?"

Sur l'écriture d'une chanson
Toutes les fois, tu te demandes si tu vas être capable. Toutes les fois, c’est fini, je n’en ferai plus jamais. Y’a beaucoup de tounes qui sont nées dans la dernière année pendant que j’enregistrais. Des fois, j’enregistrais tant que je pouvais, mais ça ne marchait pas. Alors je m’assoyais, je jouais un petit peu de guitare tranquillement, et pouf, y’a des tounes qui sortaient. Je mettais le doigt sur quelque chose. Et souvent quand je ne suis pas capable de la finir d’un coup, elle ne reste pas. Mes tounes que je préfère ont été créées rapidement.

Sur Thomas Fersen
Ça m’a donné de la confiance, un boost. J'ai tourné là-bas dans des conditions incroyables, que j’ai jamais vécu et que je ne revivrai probablement jamais! Des grosses sales, des voyages en TGV, le tour-bus gigantesque avec des sièges en cuir… Par contre des fois je trouvais les salles trop grandes, impersonnelles.

Sur l'impact possible de Moisi Moé'ssi à Star Académie
Que la toune soit sur leur album et que ça soit un single, ça m’a surpris. C’est drôle parce que cette chanson-là, elle ne devait même pas être sur mon premier disque. Je l’avais faite sur un démo avant, mais Pierre Bouchard avait insité pour que je la mette. J’ai écrit ça quand je commençais à écrire des tounes, c’était une des premières qui se tenaient. Si on est réaliste, ce que je fais est pas mal plus dur à assumer que la version polie d’une de mes tounes. Y’a peut-être une petite proportion du public qui aura l’endurance pour passer à travers une ou deux tounes de Fred! Ça fait mal ce que je fais (rires). Le monde a pas envie d’entendre ça…! J’ai jamais vraiment joué à la radio de toute façon.

Sur le documentaire La bête volumineuse, qu'a réalisé Antoine Laprise sur Fred Fortin
C’était pas évident. C’était pas parti comme je pensais. Ça faisait longtemps qu'on se disait qu'en tournée ou en enregistrement, on pourrait prendre des images. Je pensais que ça serait comme ça, mais après c’était les longues entrevues, ils même sont venus 8 jours au chalet pendant que j’enregistrais, même que je m’étais gardé des tounes pour quand il viendrait. Antoine est rentré avec un preneur de son, un caméraman, une équipe complète! Il avait mis des caméras de surveillance au chalet, que moi j’ouvrais et fermais. On a eu du fun par exemple. Avec Olivier Langevin, on extrapolait la réalité souvent, on répondait des menteries avec le ton sérieux, sur ma carrière en Russie... On n’apprendra pas grand-chose sur moi!