Que faire et que dire après avoir lancé un premier disque sombre et cathartique et alors que nos démons sont maintenant presque chose du passé? On prend la fuite, vers l'avant ou en soi, et on demande un peu d'aide de nos amis pour sortir de nos ornières. C'est en tout cas l'option choisie par Le Husky pour son deuxième album.
Profitant d'une forte rumeur locale après avoir fait paraître un intrigant démo de pop bourré de synthétiseurs, Le Husky, de son vrai nom Yannick Duguay, avait lancé en 2007 Chanson moderne pour cyniques romantiques, un disque écorché vif, sombre et triste, qui grâce à quelques forts titres comme David Bowie et Mourir comme un chien, a fait sa niche dans la discothèque d'environ 2000 amateurs musique du champ gauche.
La Fuite, son nouvel album à paraître demain, n'est pas alimenté de la même urgence qu'avant — heureusement, oserait-on dire. «Ça me faisait peur un peu au début, parce qu'à l'époque j'étais très motivé par une douleur, raconte Duguay, la tuque noire vissée sur la tête, comme à l'habitude. C'est du fuel puissant et explosif, mais là j'étais ailleurs, c'est l'envers de la médaille.»Au lieu de raconter ses malheurs, Duguay a puisé dans l'imaginaire, a remanié certains de ses souvenirs, et, inspiré du film de Spike Jones Where The Wild Things Are, a aussi exploré l'univers de l'enfance. «Les enfants sont vrais, ils n'ont pas de retenue, ils sont près de leurs émotions. Il y a quelque chose de pur qui m'a inspiré, entre autres
pour la pièce Maison hantée», où un garçon se sauve la nuit par sa fenêtre pour aller retrouver son amour.
Renaître de ses cendres, en équipe
On retrouve aujourd'hui un Husky plus serein, qui a peut-être perdu ses illusions de grandeurs, mais qui persiste et signe. La
Fuite n'est pas ce que l'on pourrait appeler un album d'été, mais il y a une certaine éclaircie dans le ciel du musicien. «Je ne travaille plus pour les fantômes / J'ai survécu à l'hécatombe», chante-t-il dans Mes bottes de sept lieues, alors que la première pièce du disque s'intitule Le Phénix, une image qui l'a porté pendant la création du disque.
Fait nouveau, Duguay, qui avait peine à laisser les guides à d'autres pour le premier disque, s'est trouvé plusieurs alliés. Côté écriture, il a partagé la plume avec Alexandre Belliard, Alexandre Champigny, Christine Zufferey et Marie-Hélène Poitras. Côté musique, il a invité le batteur et la chanteuse de La Patère rose, et a littéralement confié son disque à Vincent Blain — du groupe L'Indice et aussi fidèle allié de Navet Confit.
«J'aime beaucoup ses arrangements, ses idées, la manière qu'il a d'enrober la musique, explique Duguay. Je lui ai dit "amuse-toi, tripe avec les pièces!"» Le résultat est une pop hybride plus délicate qu'avant, entre l'organique et l'électronique, où des guitares acoustiques côtoient des synthétiseurs. Même la voix du Husky semble plus en paix avec elle-même, on la retrouve plus posée, moins geignarde.
Le Husky sera des FrancoFolies, en première partie de Tricot Machine, et reviendra à Montréal pour sa rentrée à l'automne. «Après, on va voir. Dès que le rythme redescend un peu, je me remets sur un autre album.» Assoiffé, Le Husky.
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Dialogue - Le Husky et Fanny Bloom
(Photos: le démo du Husky, son album Chanson moderne pour cyniques romantiques, et La Fuite.)
lundi, avril 19, 2010
Le Husky: la fuite dans l'imaginaire
Publié par
Philippe Papineau
à
10:30 a.m.