Revirement de situation météorologique, vendredi à Rouyn-Noranda. Si la ville s'est réveillée tel que prévu sous l'averse, que dire l'orage, les mélomanes inquiets pour les conditions pendant le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) ont eu le bonheur de voir le ciel se dégager dès les premières heures de l'après-midi.
Au commencement des spectacles, à 17h, les conditions étaient donc parfaites pour se promener de salle en salle, question de ne rien manquer. S'il est vrai qu'il faut des billets pour les concerts de la soirée, les 5 à 7 sont ouverts au public gratuitement.
C'est un Alex Nevsky un peu nerveux qui a fait découvrir ses pièces aux festivaliers. Un stress bien compréhensible : c'était son lancement de disque, sa guitare lui a donné du fil à retordre, et la salle, L'Abstracto, ne laisse aucune place aux artistes pour se cacher: la foule entoure la scène et les spectateurs les plus proches sont à moins d'un mètre des artistes. Faut assumer. Chose réussie pour Nevsky, qui a franchement pris corps avec son groupe depuis la finale des Francouvertes. Si tout va bien pour le jeune chanteur de pomme, on lui prédit bien des bonnes choses.
Nos pas nous ont ensuite mené vers Chez Bob, où Salomé Leclerc livrait ses pièces en duo avec Philippe B. Leclerc a du potentiel et une voix solide, mais pas plus ici qu'aux dernières FrancoFolies de Montréal elle ne nous a asséné le coup de grâce avec son folk-rock. Peut-être ne lui manque-t-il au fond que de meilleures mélodies auxquelles s'accrocher. Plus loin, à la toute nouvelle salle Évolu-Son -- la peinture est à peine sèche! -- nous avons capté la toute fin du concert d'Emilie Clepper. Elle qui chante habituellement en anglais a fait une pièce en français au rappel, et sa voix a pris une toute autre dimension -- pour le mieux, dirait-on.
Le début de la soirée s'est déroulé comme jeudi, en alternance entre le Petit Théâtre et l'Agora des arts, à un jet de pierre de là. On avait entendu beaucoup de bien des Peelies dans les derniers mois sur la Toile, mais le test de la scène a été cruel. Le rock garage des quatre filles était simpliste, joué de manière hyper carré, sans grande présence sur scène. À côté de Jesuslesfilles qui suivait, c'était le jour et la nuit en matière d'énergie, d'attitude, d'aisance.
À l'Agora des arts, on avait hâte de voir Gigi French, ex des Hot Springs, qui avait déclaré forfait aux FrancoFolies et au spectacle de l'Autre Saint-Jean cet été pour des raisons personnelles. Mal à l'aise dans sa robe de soirée de velour noir, Giselle Weber a passé plus de temps à retenir ses seins dans sa robes qu'à nous convaincre du sérieux de son projet de chanson jazzée. Faut croire qu'une rockeuse, même dans une robe chic, ça reste une rockeuse. Après elle, le vétéran Howe Gelb, de Giant Sand, a réécrit la définition de «liberté» sur scène. Un peu chaotique par moment, le pianiste et guitariste aux airs de Dylan a réussi à nous faire entrer dans son univers particulier. Une pièce qui s'arrête en plein milieu, des pièces de métal déposées sur les cordes du piano, des histoires décousues, des ponctuations rock à travers des balades folk... Mais comme Gelb était en parfait contrôle, on a suivi et on a aimé.
Question d'arrêter de courir un peu, la suite des choses s'est uniquement déroulée au Cabaret de la dernière chance -- le «cab» pour les habitués -- pour entendre Fred Fortin. Accompagné d'Olivier Langevin et de Justin Allard, Fortin a secoué le bar rempli à pleine capacité avec des arrangement plutôt rock des pièces de ses deux derniers disques - Conconne, Le Cinéma des vieux garçons, Massacre à l'harmonica, T'es grosse pis t'es belle. Le guitariste Langevin ne nous a pas souvent déçu dans le passé (voire jamais), mais cette fois il était particulièrement inspiré. Chapeau au trio.
À la sortie du «cab», le mot a commencé à circuler: un concert-surprise aurait lieu quelques minutes plus tard au Bar des Chums, une taverne où les locaux ont leurs habitudes depuis des années. Le groupe-maison a cédé la scène aux Frères Rivaux, le duo comico-country composé de Sunny Duval et de Damien Robitaille. La salle s'est remplie en un clin d'oeil et s'est solidement bidonnée de l'absurdité des chansons, doublée de l'étrangeté de la situation. Ça, c'est une fin de soirée qu'on oubliera pas.
samedi, septembre 04, 2010
FME, jour 2: Du bon, du croche et une surprise
Publié par Philippe Papineau à 12:23 p.m.