dimanche, septembre 05, 2010

FME, jour 3: Musique sous un ciel fâché

L'éclaircie ne pouvait durer éternellement. Les nuages sombres ont couvert samedi le ciel de Rouyn-Noranda, qui accueille cette fin de semaine la 8e édition du Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME). Petit crachin qui remplit les lunettes le temps de traverser la rue Murdoch, un vent hypocrite qui fait retourner les parapluies...

Conséquence? Pendant les «cinq à sept», les habitués des terrasses se sont réfugiés à l'intérieur, engorgeant ainsi les cafés et les bars qui accueillaient La Patère rose, Damien Robitaille et Bernard Adamus. En marge de ses gros noms de la scène montréalaise qu'on a vu déjà souvent, nous avons fait la découverte du groupe abitibien Le Carabine, qui offre une musique instrumentale faisant parfois penser aux airs poussiéreux de Psychocaravane, parfois aux airs profonds de Pawa Up First. À défaut d'être clairement original, c'était fort bien livré. En plus, il faisait des projections sur acétate, comme dans le bon vieux temps du secondaire.

Le FME offrait deux choix de concerts à 20h: un carte plus douce à l'Agora des arts avec Voilà!, Leif Vollebekk et Karkwa, et une soirée lourde avec The Melvins au Petit Théâtre. Les quatre vétérans du stoner rock des Melvins ont taillé leurs puissantes et bruyantes mélodies avec une précision chirurgicale. Le groupe a deux batteurs sur scène, et l'impact de leurs pièces n'en est que plus musclé, si une telle chose se peut. Côté cheveux, les Melvins ont soulevé un débat profond chez les festivaliers: perruques ou capilaire naturel? Le chanteur et guitariste a une touffe blanche frisottée tandis que le bassiste a un giga afro. Le mystère demeure.

Le contraste sonore était frappant à l'Agora des arts. Si le groupe post-rock Voilà! manquait de personnalité, leur dernier morceau joué, Bosnie-Herzegovine, a rattrapé un peu le tout. On a compris par la suite pourquoi le patron du FME, Sandy Boutin, avait souligné en gras le nom de Leif Vollebekk sur notre programmation. Sur scène, le bilingue chanteur a impressionné avec ses douces pièces folk et sa voix aux accents de Patrick Watson. On a hâte d'en revoir plus. Karkwa a ensuite pris la scène, s'excusant presque d'avoir fait attendre les festivaliers 8 ans depuis leur dernier passage au FME, lors de la première édition. «Notre gérant (le directeur du festival) ne voulait pas. Conflit d'intérêts, a lancé le chanteur Louis-Jean Cormier. Mais cette année on a poussé fort, ç'a marché.» Karkwa n'a pas eu une soirée très facile, devant s'interrompre à quelques reprises en raison de problèmes de son sur scène. L'ambiance en a payé le prix, d'autant que le groupe n'a pas donné son meilleur concert. Mention spéciale aux éclairages, qui enfin ce soir-là étaient à la hauteur.

La fin de soirée s'est révélée plus intéressante encore. The Sadies étaient de retour sur scène pour un deuxième soir de suite. Sous des airs détachés, les Canadiens font preuve d'une énergie country rock impressionnante et d'une maîtrise de leurs instruments digne de mention. Un voisin musicien croisé à Rouyn en avait les yeux encore tout écarquillé en fin de concert. Au Cabaret de la dernière chance, au même moment, le trio Parlovr a ravi une foule compact et suante. Le groupe fait penser à Clues pour la force des mélodies et des voix, mais avec beaucoup plus de joie de vivre. Et surtout, le groupe était visiblement ravi de jouer: ça ne pouvait que déteindre sur nous.

Le Devoir