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mercredi, juillet 15, 2009

-M- à La Tulipe: Mystère et boule de gomme

Pourquoi criait-elle donc autant, cette foule, hier, lors du premier concert d'une série de cinq que le Français -M- donnait à La Tulipe? Mystère et boule de gomme. Parce que le chanteur que l'on sait capable de devenir atomique était plutôt plat, hier, livrant une performance ordinaire, où l'énergie passait mal et où les coups d'éclat se sont faits trop tardifs et trop courts.

Matthieu Chédid, c'est son vrai nom, est de passage au Québec pour nous offrir les prémices de Mister Mystère, son prochain disque à paraître dans quelques mois. Sur scène comme sur l'album, -M- s'est entouré de la famille, son frère Joseph à la batterie et sa soeur Anna aux claviers et à la voix.

Et d'entrée de jeu, il a donné le ton, avec le nouveau titre En piste, lent, teinté de blues. Habillé de noir et de blanc, chapeau élégant sur la tête, -M- avait laissé au vestiaire ses accoutrements flamboyants, et troqué sa guitare rose pour une gratte toute noire, d'un noir mât.

Là où on attendait des bombes, de la gouaille et des cris aigus comme il sait le faire, on a eu droit à des pièces... lentes et teintées de blues. Et qui manquait de coeur, dirait-on. Même les superbes La Bonne étoile et À tes souhaits étaient bonnes mais sans plus, avec l'accompagnement vocal presque permanent de la petite soeur Anna. Et la foule? Elle criait, les bras en l'air.

Il a fallu au moins neuf chansons, dont une reprise un peu trash de la sublime Madame rêve d'Alain Bashung, pour que -M- pèse vraiment sur l'accélérateur, avec Le Complexe du Corn Flakes, Ondes sensuelles et Machistador. Alors là, oui, enfin, c'était bon, la magie agissait. Et la foule? Je vous le donne en mille, elle criait.

C'était trop beau pour être vrai. Après Mama Sam -- et à peine plus d'une heure de concert --, Chédid s'est éclipsé avec sa bande, déjà. La foule? Elle a crié pour un rappel, avec raison. Le rappel est venu, avec entre autres la douce nouveauté L'Élixir et la ritournelle des Triplettes de Belleville, qui manquait de swing. Finalement, après une heure trente minutes d'un concert couci-couça, Chédid a tiré sa révérence. Et la foule? Elle criait. Peut-être pour oublier qu'elle venait de payer 47 $.

***
-M- sera à La Tulipe ce soir et jusqu'au 18 juillet.

mardi, juillet 14, 2009

M, le roi des ombres

Six ans après la parution de son disque Qui de nous deux, le chanteur Français -M-, de son vrai nom Mathieu Chédid, lancera un nouvel album début septembre en France, intitulé Mister Mystère. Déjà, vous pouvez écouter et surtout voir un premier extrait de cet opus, au www.leroidesombres.com/.

Après être passé à Québec il y a quelques jours, -M- sera en concert à Montréal à Latulipe ce soir et jusqu'au 18 juillet. Il y cassera quelques nouvelles pièces, en plus, paraît-il, de jouer deux morceaux d'Alain Bashung, décédé récemment.

dimanche, mai 24, 2009

Marie-Pierre Arthur à La Tulipe: Mieux mais mou

Au début du mois, en première partie de Mara Tremblay, Marie-Pierre Arthur en a arraché. Le temps de trois chansons, seule avec sa guitare, ses doigts n'ont pas répondu aux commandes, la guitare s'est désaccordée, la voix faisait d'inutiles fioritures pour combler l'espace. Ç'avait fait patate. Dommage, s'était-on dit, parce son premier disque éponyme est tissé d'un très beau folk.

Le chaînon manquant, se disait-on aussi, c'était un groupe, de la compagnie pour cette fille de gang qui roule sa bosse depuis dix ans avec les Ariane Moffatt, Kevin Parent et Mara Tremblay de ce monde.

Jeudi, lors de sa rentrée montréalaise, entourée qu'elle était de musiciens, Marie-Pierre Arthur a certes fait mieux. Mieux, mais quand même mou. En début de soirée, ses nouveaux musiciens - pas les tireurs d'élite de l'album - n'étaient pas tout à fait en harmonie avec elle, tout ce beau monde s'ajustait. Les voix se chevauchaient rudement, les regards se cherchaient, le ton était un peu mièvre.

Arthur agaçait même par moment avec ses tortillements, trop souvent assise sur son tabouret. C'est debout, bien ancrée au sol, accrochée à sa basse ou sa guitare, qu'elle était la plus forte.

Plus ça allait, plus les choses semblaient se placer, particulièrement lors de Look Out Cleveland, de The Band, reprise avec une touche Chet Atkins au piano-bar, puis après avec Pourquoi, la meilleure pièce de son court répertoire. On ignore la suite, parti pour écrire ces lignes, mais il faudra à Marie-Pierre Arthur encore un peu plus pour nous couper le souffle.

jeudi, février 19, 2009

Lancement de Malajube: de l'autre côté du miroir














Mardi soir à La Tulipe, tout le monde avait hâte, après trois ans d'attente, d'entendre les nouvelles pièces de la formation rock Malajube. Les nombreux amateurs présents, agglutinés au parterre, étaient impatients, tout comme la vaste faune de travailleurs de la scène musicale montréalaise, pour qui Malajube est en quelque sorte un porte-étendard.

Mais les quatre gars les plus comblés devaient certainement être les musiciens du groupe, visiblement heureux de pouvoir -- enfin -- s'amuser avec de nouvelles compositions. Pour le lancement, le groupe a choisi de jouer leur dernier-né, Labyrinthes, d'un bout à l'autre, comme entendu sur le disque -- qui s'est par ailleurs déjà écoulé à plus de 6500 copies en une semaine. Un choix qui se défend, mais qui ne permet pas de juger précisément la teneur du spectacle qu'ils offriront pour la suite des choses.

Tout de même, on a pu découvrir un autre visage de Malajube, un côté plus sage, plus technique, plus calculé, à l'image de Labyrinthes, qui va moins dans la puissance brute que Trompe-l'oeil. Les pièces plus balistiques de leur précédent disque ont été remplacées par des titres aux parcours brisés, qui nécessitent une grande maîtrise des instruments. Hier, outre quelques petits accrocs mineurs, les différents chapitres des morceaux se sont entremêlés avec fluidité. Dans une dizaine de concerts, le ciment sera complètement pris et ça sera dangereusement efficace.

Au-dessus des musiciens, quatre grands miroirs rectangulaires étaient suspendus en angle, permettant à la foule d'avoir un sentiment d'ubiquité et d'observer le spectacle de plusieurs angles à la fois. Ce jeu de miroir permettait surtout à tous de voir les instruments, de voir les doigts sur les claviers, les coups sur les tambours. Tout ça en harmonie avec une musique plus technique.

Reste que, seules, les 10 chansons de Labyrinthes nous ont laissé un peu sur notre appétit, exception faite des pièces Les Collemboles et Christobald, savoureuses. Il nous manquait cette réaction épidermique, cette touche qui fait qu'on oublie tout, qu'on se laisse emporter. Pour ça, heureusement qu'il y avait le rappel, où Malajube a livré quelques succès-souvenirs explosifs. Le futur mélange des bombes d'antan et des labyrinthes d'aujourd'hui apparaît toutefois fort prometteur. À suivre.

vendredi, mai 02, 2008

Gonzales: du travail d'équipe
























Drôle de bête que ce Gonzales. Après avoir versé un moment dans la musique électronique et après avoir livré en 2004 un album de piano à la Érik Satie, le Canadien exilé à Paris lancera au cours des prochaines semaines Soft Power, où il célèbre à gros traits le son très seventies qu'il avait déjà expérimenté avec la chanteuse Feist. Surprenant.

Ici, le Torontois Gonzales -- de son véritable nom Jason Beck -- n'est pas très bien connu du grand public, malgré un curriculum vitae chargé. Côté carrière solo, Soft Power est son sixième album en huit ans. Mais Gonzales a aussi beaucoup travaillé avec les autres depuis quelques années. Avec Feist, comme nous le disions, et avec Jane Birkin, Philippe Katerine et Teki Latex (TTC), pour ne nommer que ceux-là. Sans oublier son travail avec Renaud Letang, réalisateur-vedette de l'Hexagone (Abd al-Malik, Manu Chao, Alain Souchon, etc.).

Toute cette besogne avec les autres est même devenue l'inspiration principale de Soft Power. D'autant plus que s'il était auparavant habitué au travail en solitaire, cette fois-ci, il s'est lui-même prêté au jeu du travail d'équipe en studio. Un jeu douloureux, semble-t-il. «Je me suis dit qu'il fallait que je voie ce que j'avais à gagner en laissant les gens entrer dans mon processus», explique Gonzales au bout du fil, dans un excellent français. «J'ai observé, en réalisant des albums pour les autres, à quel point ils me laissaient m'investir dans leur projet. J'admire leur capacité à inclure les autres, à supprimer leur propre ego.»

D'ABC aux Guess Who
Soft Power va très certainement déstabiliser ceux qui ont connu Gonzales avec son Solo Piano, qui tentait avec succès un rapprochement entre la musique classique et des schèmes pop. Ici, Slow Down fait penser à These Eyes des Guess Who, saxophone sirupeux en prime. Working Together n'est pas si loin d'ABC, des Jackson Five. Unrequited Love pourrait être tirée d'un vieil album de Santana. Et que dire de Let's Ride et ses cordes disco, que les Bee Gees apprécieraient très certainement? Bref, Soft Power est ce qu'on pourrait appeler un sacré virage.

En insistant un peu, Gonzales explique qu'il refuse l'étiquette kitsch tout en jouant avec elle. «Je profite un peu de la réaction à Solo Piano, où les gens m'ont accordé un certain respect musical, pour défier l'idée du bon goût et du mauvais goût.» C'est donc un peu de la parodie, de la rigolade? «Sur scène et dans les clips, l'humour commence à prendre beaucoup plus d'importance, mais dans le sens d'humour juif -- il l'est --, d'humour qui parle de mes propres défauts, qui parle de mes propres faiblesses, ce qui fait différent de la parodie, qui parle de la faiblesse des autres. Pour moi, l'humour, c'est quelque chose de lié au danger, c'est quelque chose de sérieux.»

Cela étant, Gonzales explique beaucoup plus son virage sonore par son arrivée dans «l'élite du showbiz français, cette espèce de "paristocratie"» dans laquelle il baigne depuis environ trois ans. «C'est la situation qui a déterminé la forme, martèle le pianiste à quelques reprises au cours de la discussion. J'étais en studio, j'avais un contrat avec Universal, j'avais un budget pour tout faire de façon acoustique, pour faire venir des musiciens. C'était la même chose pour Solo Piano. J'étais seul en studio avec Jane Birkin et, dans la pièce à côté, il n'y avait qu'un petit piano, où je composais mes morceaux.»

La seule chose qui ne change pas, nous dit-il, c'est la composition. «Si j'avais refait tous les titres de mes albums en acoustique, dans ce même studio -- où on a fait l'album de Feist d'ailleurs --, on n'arriverait pas très loin du même résultat. S'il y a un son Gonzales, c'est uniquement lié par l'écriture, par un certain goût pour les harmonies qui se frottent, le mélange des modes mineur et majeur.»

Si vous hésitez encore à vous déplacer au La Tulipe le 8 mai pour voir Gonzales en concert, voici qui vous convaincra peut-être: «Si l'art crée des émotions, ça devient de l'entertainement, et j'approuve. Sinon, ça veut dire que ç'a seulement fait plaisir à celui qui l'a fait, alors je m'en fous. Ça, c'est un masturbateur, et moi, je suis là pour faire l'amour, tu vois?» À vous de voir, maintenant!